🏼 Nous Autres Civilisations Nous Savons Maintenant Que Nous Sommes Mortelles

AccueilCOMMENTAIRES L'AIR DU TEMPS «Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.» (Paul VALERY) L'AIR DU TEMPS «Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.» (Paul VALERY) Par. BM. Sidwaya - 3 novembre 2019. Facebook. Twitter. Pinterest. WhatsApp. Linkedin. Email. Print.
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QCMde culture gĂ©nĂ©rale, qcm :CULTURE GÉNÉRALE - HISTOIRE, GÉOGRAPHIE, ART, LITTÉRATURE (concours PASS - 2008), question : Parmi les auteurs suivants, qui constate en 1919 : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles » ?

Nous autres, civilisations contemporaines, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », assurait Paul ValĂ©ry. Mais proche ou lointaine, dans le temps comme dans l’espace, mythique ou rĂ©elle, fantasmĂ©e ou créée de toutes piĂšces, chaque civilisation s’affranchit de cette mortalitĂ©, tant pour les historiens que pour les artistes, car elle est le creuset dans lequel est fondu l’imaginaire. Et le propre de l’imaginaire n’est-il pas d’ĂȘtre riche et multiple ? Dix-neuf auteurs vous invitent ici Ă  parcourir les chemins de civilisations perdues ou Ă  venir Lalex Andrea, Jean-Pierre Andrevon, Alberto Arrecchi, Pascal Bayle, Ugo Bellagamba, CĂ©line Ceron Gomez, Dounia Charaf, LoĂŻc Daverat, Renaud Ehrengardt, Estelle Faye, Ïan Larue, Morgane Marchand, Johanna Marines, BĂ©rangĂšre Monraisse, Morency, TimothĂ©e Rey, Chantal Robillard, Mara Sedan et Ketty Steward. Illustration de couverture par HĂ©lĂšne Marchetto. Puissiez-vous partager le plaisir de leur dĂ©couverte. Anthologie officielle du festival Nice Fictions 2018. Voir la gamme et acheter Cequi s'accorde mal avec la fluctuation des besoins sociaux, et les nĂ©cessitĂ©s de l'Ă©volution. Évidemment, seul un esprit prĂ©venu pousserait l'explication jusqu'Ă  s'interroger sur le non-dit qui sous-tend le raisonnement dans cette partie du texte, en l'occurrence une confĂ©rence Ă©crite en 1935. Par exemple, en le rapprochant de la crise Ă©conomique du dĂ©but des annĂ©es trente (avec La pandĂ©mie du coronavirus souligne non seulement “ l’insoutenable lĂ©gĂšretĂ© de l’ĂȘtre” mais de notre civilisation postmoderne et postindustrielle. Est-il concevable que, malgrĂ© les progrĂšs de la mĂ©decine, nous soyons rĂ©duits Ă  nous calfeutrer chez nous pour prĂ©venir la propagation de la maladie ? Que resurgissent les grandes peurs, comme celles que provoquait la peste au Moyen-Ăąge ? Grandeur et misĂšre de la condition humaine ! Les dieux ont-ils voulu punir les hommes d'avoir voulu les Ă©galer aprĂšs les avoir mis Ă  mort ? L'avĂšnement d'un " Homo deus" prophĂ©tisĂ© par Shlomo Sand paraĂźt bien lointain face au cataclysme viral de dimension biblique qui frappe aujourd’hui l’humanitĂ©. L’histoire nous apprend qu’aprĂšs les grandes crises il n’y a jamais fermeture de la parenthĂšse. Il y aura certes un jour d’aprĂšs. Mais l’ampleur de la crise Ă©conomique, sociale et politique pourrait nous mener vers un monde diffĂ©rent. A cela s’ajouter les risques d’une crise morale comparable Ă  celle qui s’est produite aprĂšs chacune des deux guerres mondiales qui ont Ă©tĂ© un choc pour l’idĂ©e de progrĂšs et de la croyance en un monde meilleur. Il a suffi d’un grain de sable pour gripper le mĂ©canisme de notre Ă©conomie mondialisĂ©e ; plus fragile parce que plus interconnectĂ©e que par le passĂ©. Le Fond MonĂ©taire International estime mĂȘme que le coronavirus pourrait engendrer les pires consĂ©quences Ă©conomiques au niveau mondial depuis la grande crise de 1929. Cette rĂ©cession va probablement freiner le processus de mondialisation, et de libre circulation des biens. Elle risque d’exacerber la guerre Ă©conomique entre la Chine d'une part et les Etats-Unis et l'Europe d'autre part. Ces derniers voudront sans doute amoindrir leur dĂ©pendance envers la Chine en relocalisant certaines industries. Quand l’Empire du Milieu avait le monopole de la production de la soie, il prit des mesures drastiques afin d’empĂȘcher l'exportation de ce savoir-faire, avant que des marchands italiens ne parviennent finalement Ă  en dĂ©rober le secret Ă  la fin du Moyen-Ăąge. Plus naĂŻf, l'Occident a permis au cours des trois derniĂšres dĂ©cennies Ă  la Chine de piller ses technologies et d’accumuler un excĂ©dent commercial colossal Ă  son dĂ©triment. Donald Trump a Ă©tĂ© le premier Ă  prendre la mesure de ce danger. L'Europe lui emboĂźtera-t-elle le pas ? La maitrise dont a fait preuve la Chine pour juguler l’épidĂ©mie est en tout cas un indice rĂ©vĂ©lateur du dĂ©fi grandissant que pose Ă  l’Occident son modĂšle autoritaire, sa puissance Ă©conomique et ses avancĂ©es technologiques, ainsi que du dĂ©placement du centre de gravitĂ© du monde vers l'Empire du plan politique, la crise a rĂ©vĂ©lĂ© Ă  la fois les limites de la gouvernance mondiale dans le cadre de l'utopie appelĂ©e " communautĂ© internationale" et des gestes de solidaritĂ© de la part de certains pays, contrastant avec le repli nationaliste et Ă©goĂŻste d’autres pays. C’est ainsi par exemple que Cuba, la Chine et la Russie ont envoyĂ© des Ă©quipes mĂ©dicales pour aider l'Italie Ă  lutter contre le coronavirus, contrairement Ă  ses voisins et partenaires au sein de l'Union EuropĂ©enne l'Allemagne et la France, ce qui a suscitĂ© une profonde amertume de la part des Italiens. Certes finalement les membres de l’Union EuropĂ©enne sont parvenus Ă  un accord sur un fond de soutien commun Ă  l’économie qualifiĂ© de grand jour pour la solidaritĂ© europĂ©enne » par Berlin. Il n’en reste pas moins que la pandĂ©mie qui a surtout frappĂ© l’Italie et l’Espagne montre la fracture bĂ©ante entre les pays du Nord et du Sud de l’Union EuropĂ©enne dĂ©jĂ  Ă©branlĂ©e par le Brexit. Au niveau individuel, selon Boris Cyrulnik Il y a deux catĂ©gories de gens ceux qui vont souffrir du confinement et ceux qui le vivent comme une forme de ressourcement » Provoquera-t-il chez eux un changement de valeurs, de paradigmes ? Une revalorisation d’un mode de vie d’avantage en harmonie avec soi-mĂȘme, les autres et la nature. Au niveau global y aura-t-il un monde d’avant et d’aprĂšs la catastrophe ? Une remise en question du modĂšle Ă©conomique nĂ©olibĂ©ral ? Une rĂ©affirmation de la souverainetĂ© de l’Etat et un renforcement de la compĂ©tition entre Etats, ou au contraire une prise de conscience de la nĂ©cessitĂ© d’une meilleure coopĂ©ration face aux dĂ©fis communs qu’affronte l’humanitĂ© ? S’ajoutant au rĂ©chauffement climatique dĂ©noncĂ© par sa jeune Cassandre, la crise provoquĂ©e par le coronavirus montre en tout cas qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond sur notre petite planĂšte. Et les habitants desautres planĂštes de notre galaxie doivent se rĂ©jouir que les hommes n'aient pas encore inventĂ© des vaisseaux spatiaux capables d'arriver jusqu’à reineabbas 13Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. VALÉRY, VariĂ©tĂ© I, La crise de l'esprit, p. 1. 14 Je crois bien, Messieurs, que l'Ăąge d'une civilisation se doit mesurer par le nombre des contradictions qu'elle accumule, par le nombre des coutumes et des
Le philosophe Jean-Luc Nancy est dĂ©cĂ©dĂ©, Ă  81 ans. C’est Ă©videmment une Ă©poque qui tourne sa page, sous le soleil de Strasbourg oĂč Derrida Ă©galement aimait Ă  baigner l’atmosphĂšre de sa prĂ©sence », a rĂ©agi le philosophe et ami Jean-Clet Martin, via Facebook. Il y avait chez Jean-Luc Nancy un sens profond des relations. »Le philosophe a publiĂ© plus d’une centaine d’ouvrages, parmi lesquels. Il a publiĂ© L’Intrus GalilĂ©e, en 2000 oĂč il revient sur sa greffe du cƓur en 1991. Le Sens du monde GalilĂ©e, 2001, La DĂ©closion GalilĂ©e, 2005, L’Adoration GalilĂ©e, 2010, DĂ©mocratie hic et nunc ! avec Jean-François Bouthors, François Bourin Éditions, 2018 et, en 2020, Un trop humain virus Bayard.[ARCHIVE] Article paru le 20 octobre 2020La Croix L’Hebdo Dans votre livre Un trop humain virus, qui vient de paraĂźtre 1, vous Ă©crivez que la crise sanitaire actuelle agit comme un miroir grossissant de ce qui dysfonctionne dans nos sociĂ©tĂ©s. Que reflĂšte ce miroir ?Jean-Luc Nancy Cette loupe virale » grossit les traits de nos contradictions et de nos limites. Le Covid-19 en tant que pandĂ©mie est bien Ă  tous Ă©gards un produit de la mondialisation techno-capitaliste. Il en prĂ©cise les traits et les tendances. Il est un libre-Ă©changiste actif, pugnace et efficace. Il prend part au grand processus par lequel une culture se dĂ©fait tandis que s’affirme ce qui est moins une culture qu’une mĂ©canique de forces inextricablement techniques, Ă©conomiques, dominatrices
En mĂȘme temps, le virus nous communise ». Un ami indien m’a d’ailleurs appris que chez lui on parle de communovirus ». Comment ne pas y avoir dĂ©jĂ  pensĂ© ? C’est l’évidence mĂȘme ! Ce virus nous met sur un pied d’égalitĂ© pour le dire vite et nous rassemble dans la nĂ©cessitĂ© de faire front ensemble. Que cela doive passer par l’isolement de chacun n’est qu’une façon paradoxale de nous donner Ă  Ă©prouver notre communautĂ©. Il nous rappelle qu’on ne peut ĂȘtre unique qu’entre tous. C’est ce qui fait notre plus intime communautĂ© le sens partagĂ© de nos rĂ©agissez-vous Ă  la place prise par le souci pour la santĂ© ? N. Nous sommes dĂ©sormais dans une sociĂ©tĂ© pour laquelle la santĂ© est devenue un bien essentiel, mais aussi un droit. Tout le monde peut la revendiquer. Pourtant, la santĂ© n’est pas la vĂ©ritĂ© de l’existence. Certes, l’adage dit Quand la santĂ© va, tout va. » Mais cette vieille signification s’entendait au bon sens immĂ©diat et le plus robuste il faut effectivement ĂȘtre suffisamment en bonne santĂ© pour pouvoir dĂ©ployer son existence. On s’est toujours souhaitĂ© une bonne santĂ©. Vale ! » porte-toi bien » se disaient les Romains, et notre Salut ! » contient lui aussi l’idĂ©e de santĂ©, de guĂ©rison. Aujourd’hui, contrairement au dicton et Ă  ces expressions, la santĂ© devient une fin en soi. Mais pourquoi ĂȘtre en bonne santĂ© ? Pour quelles fins vivre ? VoilĂ  ce qui n’est plus clair
En quoi le moment que nous vivons marque-t-il une rupture ? N. Ce qui m’intĂ©resse dans la situation actuelle, c’est qu’elle rĂ©vĂšle une crise depuis longtemps annoncĂ©e. Depuis un siĂšcle environ, quantitĂ© de personnalitĂ©s de la pensĂ©e et de la littĂ©rature ont pointĂ© la fin de notre civilisation, la crise du progrĂšs et les ambivalences de la technique. Je pense notamment aux avertissements de Freud, de Paul ValĂ©ry, de Bergson, de Heidegger, de GĂŒnther Anders, de Jacques Ellul
Ce qui nous arrive ressemble au dĂ©veloppement d’une maladie. Au dĂ©but, il y a de petits signaux qu’on ne sait pas bien interprĂ©ter. On cherche Ă  comprendre, on tĂątonne, on hĂ©site, on se dit Ne nous inquiĂ©tons pas »  Et puis, tout d’un coup, la maladie se dĂ©clare. Elle devient Ă©vidente. C’est ce qui arrive aujourd’hui. LĂ , on peut dĂ©cider et nommer la maladie. Le mot grec krisis contient d’ailleurs l’idĂ©e de jugement. C’est le moment oĂč le mĂ©decin peut nommer le mal. Aujourd’hui, le virus contribue Ă  quel mal souffrons-nous ? N. Je pense qu’il s’agit, comme disait Paul ValĂ©ry, d’une maladie de l’esprit. J’emploie volontairement ce mot, tout en sachant qu’il ouvre la porte Ă  tous les malentendus. C’est un mot dangereux, mais je n’en vois pas d’autre pour parler de ce qui donne souffle Ă  une civilisation, Ă  une sociĂ©tĂ©. L’esprit pour moi ne dĂ©signe pas une substance Ă©thĂ©rĂ©e, Ă  caractĂšre plus ou moins divin. Il dĂ©signe la possibilitĂ© de se rapporter Ă  une rĂ©alitĂ© qui Ă©chappe. On est dans l’esprit quand on reconnaĂźt, pas seulement intellectuellement mais aussi existentiellement et affectivement, qu’on est dĂ©passĂ© par quelque chose qui ne demande pas simplement Ă  ĂȘtre maĂźtrisĂ©. Une culture ne peut ĂȘtre vivante que si elle est prise dans une vie de l’ l’annonce de la mort de Dieu par Nietzsche, nous sommes entrĂ©s dans une pĂ©riode d’incertitude. Je pense souvent Ă  la phrase de Jean-Christophe Bailly, qui Ă©crit dans Adieu L’athĂ©isme n’a pas Ă©tĂ© capable d’irriguer son propre dĂ©sert. » Il le constate en athĂ©e convaincu, en se posant la question de l’invention d’un autre sacrĂ©, d’un autre divin, rĂ©solument athĂ©e. Je pense que son diagnostic est parfaitement exact. La civilisation moderne n’a rien proposĂ© en remplacement de la figure de Dieu qui s’est effacĂ©e. J’ai la certitude qu’il va se produire une nouvelle rĂ©volution spirituelle, que le temps est arrivĂ© pour cela. Mais cela prendra peut-ĂȘtre trois siĂšcles
Qu’est-ce qui vous conduit Ă  penser cela ? N. Toutes les grandes civilisations ont connu leur effondrement. Comme l’écrivait ValĂ©ry dans La Crise de l’esprit 1919 Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Je suis de plus en plus habitĂ© par l’idĂ©e qu’une civilisation, qui est un ensemble structurĂ© de puissances politique, Ă©conomique, technique et religieuse, a une certaine durĂ©e. Or, je constate que, depuis maintenant deux bons siĂšcles, l’Europe s’inquiĂšte d’ peut faire remonter cette inquiĂ©tude Ă  Rousseau. C’est le malaise social qui lui fait projeter un Ă©tat de nature » – qui n’a peut-ĂȘtre jamais existĂ© – pour l’opposer Ă  l’ Ă©tat de la sociĂ©tĂ© » – qu’il considĂšre comme dangereux – oĂč le luxe » et la compĂ©tition » ont dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  abĂźmer ce que l’homme pourrait ĂȘtre
 On peut parler d’une crise de l’esprit quand le sentiment que l’on a de vivre pour quelque chose entre en se tenir dans ce temps qui vacille ? N. Aujourd’hui, je ne peux rien proposer pour l’avenir et rien revendiquer du passĂ©. Je suis dans le noir. Peut-ĂȘtre est-ce liĂ© Ă  mon Ăąge, mais pas seulement
 Pourtant, quand on est dans le noir, on n’est jamais tout Ă  fait dans l’obscuritĂ©. Dans le noir, on voit aussi diffĂ©remment. Pas par la sensibilitĂ© oculaire, mais par d’autres sensibilitĂ©s auditive, tactile
 Plus d’un a fait l’expĂ©rience d’un rĂȘve oĂč il est plongĂ© dans une piĂšce noire et oĂč, peu Ă  peu, il apprend quelque chose sur ce lieu oĂč on l’a mis. Il peut alors attraper » certains repĂšres pour se conduire. VoilĂ  ce qui peut ĂȘtre invitez notamment Ă  reprendre la question de la libertĂ©, qui est au cƓur de la modernitĂ©. Ce n’est pas rien
 N. Il y a une Ă©norme illusion de la modernitĂ© dont nous avons en fait commencĂ© Ă  prendre conscience la libertĂ© comprise comme la libĂ©ration d’une humanitĂ© qui aurait surmontĂ© toutes ses dĂ©pendances. À beaucoup de signes, nous savons dĂ©sormais combien nous perdons de libertĂ© d’agir dans les destructions et transformations profondes des conditions de vie sur la planĂšte. L’image de l’autodĂ©termination continue Ă  nous fasciner, alors mĂȘme que c’est en elle que se trouve le peut-elle fournir une nouvelle façon de penser notre vie en commun ? N. Oui, je le pense. Mais je trouve que jusqu’ici l’écologie a surtout dĂ©signĂ© quelque chose de rĂ©actif il s’agissait de protĂ©ger une nature » dont on ne sait exactement ce qu’elle recouvre. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de protĂ©ger la nature, il est davantage question de se protĂ©ger de nous-mĂȘme, tant nous voyons que nous sommes emportĂ©s avec la nature et le mauvais traitement que nous lui rĂ©servons. On le voit Ă  la multiplication interminable des maladies qui, comme les cancers, ont des racines dans le mauvais traitement rĂ©servĂ© Ă  notre environnement. SĂ»rement dans la jeune gĂ©nĂ©ration, certains ont-ils des idĂ©es plus claires que moi sur ce qu’il convient de faire, mais il m’apparaĂźt que beaucoup de sujets Ă©cologiques deviennent trĂšs dont il faut se garder toutefois, ce serait de considĂ©rer l’écologie comme un Dieu qui viendrait rĂ©pondre au techno-capitalisme, qui serait lui le diable
 On oublie que ce diable est trĂšs vieux et qu’il a fourni le moteur de toute l’histoire du monde moderne. Il a au moins sept siĂšcles d’existence, sinon plus. La production illimitĂ©e de la valeur marchande est devenue le moteur de la sociĂ©tĂ© et, en un sens, sa raison d’ĂȘtre. Les effets ont Ă©tĂ© grandioses, un monde nouveau a surgi. Il se peut que ce monde et sa raison d’ĂȘtre soient en train de se dĂ©composer, mais sans rien nous fournir pour les remplacer. On serait mĂȘme tentĂ© de dire au est un thĂšme que vous vous efforcez de repenser. Pourquoi ? N. Pourquoi sommes-nous Ă©gaux ? Qu’est-ce qui lĂ©gitime en derniĂšre instance l’égalitĂ© ? Il faut reconnaĂźtre que nous n’en savons rien. Au cours de notre histoire, le christianisme a Ă©tĂ© trĂšs important, car il a donnĂ© Ă  l’égalitĂ© un contenu effectif. Dire que l’on est enfant de Dieu », ça lĂ©gitime l’égalitĂ© ! Mais en dehors de la religion, comment penser l’égalitĂ© ?Je crois que l’on peut essayer d’élaborer philosophiquement un essai de rĂ©ponse en disant que ce qui nous fait vraiment Ă©gaux, c’est justement la mort, que le virus nous remet sous les yeux. Le virus Ă©galise les existences. Il rappelle ainsi un droit souverain de la mort qui s’exerce sur la vie parce qu’elle fait partie de la vie. C’est peut-ĂȘtre en effet d’ĂȘtre mortels qui nous fait Ă©gaux, dĂšs lors qu’il n’y a plus de diffĂ©rences surnaturelles, ni naturelles. La mort, non comme un accident, mais comme ce qui appartient Ă  la vie. Cela passe par la reconnaissance de notre finitude. Mais aujourd’hui, c’est le mot maudit. Celui qu’on n’aime pas entendre
Finitude, ce mot n’est pourtant pas si vilain
 N. Peut-ĂȘtre, quand on est capable de le recevoir
 Mais aujourd’hui, je constate que beaucoup de gens ne comprennent pas ce qu’il veut dire. C’est vrai Ă  l’extĂ©rieur du monde intellectuel, mais Ă©galement Ă  l’intĂ©rieur. On voit bien aujourd’hui que l’infinitĂ© du progrĂšs est un mauvais infini. Il devient Ă©vident que la technique produit autant de mal que de bien. C’est manifeste dans les dĂ©bats autour de la 5G. La finitude est ce qui peut nous relier Ă  un bon infini. Dans la finitude, on rĂ©alise une possibilitĂ© de l’infini. Comme ce qui se passe dans l’art, dans l’amour
 Le vĂ©ritable infini est ce moment oĂč on a le sentiment de sa propre existence comme rĂ©ellement avez Ă©tĂ© trĂšs proche du christianisme dans votre jeunesse. Comment vous ĂȘtes vous dĂ©tachĂ© du christianisme ou comment le christianisme s’est-il dĂ©tachĂ© de vous ? N. J’ai Ă©tĂ© chrĂ©tien, oui tout Ă  fait. Et j’aime bien votre formulation, car je peux dire que c’est le christianisme qui s’est d’abord dĂ©tachĂ© de moi, comme de toute une gĂ©nĂ©ration. Étudiant, j’étais engagĂ© Ă  la Jeunesse Ă©tudiante chrĂ©tienne JEC. L’appartenance au christianisme Ă©tait pour moi absolument indissociable d’une vision politique et sociale. À la JEC, nous Ă©tions trĂšs engagĂ©s en faveur de la dĂ©mocratisation de l’enseignement. En 1957, l’épiscopat français a sĂ©vĂšrement critiquĂ© le progressisme de la JEC. Cela a Ă©tĂ© un coup de tonnerre pour moi et m’a dĂ©tachĂ© de l’Église. En 1965, la JEC a Ă©tĂ© formellement la condamnation des Ă©vĂȘques, l’Église m’est apparue comme une figure de la conservation et du pouvoir. Je ne discernais pas pour quelles raisons dogmatiques on nous condamnait. Je n’y voyais que des raisons politiques. Je me suis senti comme un protestant, rĂ©voltĂ© contre l’ doute, d’un point de vue religieux, tout cet engagement Ă©tait-il dĂ©jĂ  bien dĂ©tachĂ© pour moi de l’observance religieuse. Mais je n’en Ă©tais pas encore lĂ . Il y avait tout un aspect esthĂ©tique et Ă©motionnel de la cĂ©rĂ©monie religieuse qui me touchait et me reliait Ă  l’Église. Pas l’esthĂ©tique des cĂ©rĂ©monies de premiĂšre communion, plutĂŽt celle des cĂ©rĂ©monies pascales et du chant grĂ©gorien
AprĂšs cette grande crise politique est venu le moment oĂč j’ai dĂ©couvert que je ne pouvais plus prier, parce qu’il n’y avait personne qui rĂ©pondait. Cela finissait par devenir grotesque. Comme dans la chanson Le TĂ©lĂ©fon, de Nino Ferrer Y a le tĂ©lĂ©fon qui son et y a jamais person qui y rĂ©pond. » Sourire.Ce dĂ©tachement Ă©tait peut-ĂȘtre possible parce qu’au mĂȘme moment quelque chose » Ă©tait en train de me rĂ©pondre, plusieurs voix Ă  la fois celles de Hegel, de Heidegger, de Derrida
 Des voix qui ne me disaient pas Je t’apporte le salut », mais qui me faisaient vivre. Au fond, ce qu’on demande, ce n’est peut-ĂȘtre pas l’assurance du salut. C’est de pouvoir se sentir exister sans que ce soit une absurditĂ© ou une existence coupable sous la menace d’une vous reste-t-il du christianisme ? N. J’aurais envie de rĂ©pondre tout. À travers la thĂ©ologie, j’ai dĂ©couvert l’interprĂ©tation de l’Écriture. Cela a Ă©tĂ© le dĂ©clenchement de ma vocation philosophique. Je dĂ©couvrais qu’on pouvait indĂ©finiment dĂ©couvrir du sens dans un texte. Qu’est-ce qu’il me reste du christianisme ? Pause. Presque l’essentiel, qui tient pour moi dans cette phrase de MaĂźtre Eckhart Prions Dieu de nous tenir libre et quitte de Dieu. » Je l’avais inscrite en Ă©pigraphe de mon mĂ©moire de maĂźtrise de philosophie, rĂ©alisĂ© sous la direction de Paul RicƓur. Je n’avais certainement pas trouvĂ© cette phrase tout seul. Elle a dĂ» m’ĂȘtre transmise par un jĂ©suite ou un des aumĂŽniers de la JEC. À travers eux, je n’avais jamais perçu l’Église comme un vous avez plongĂ© dans la philosophie, sans retour ? N. À partir de la dĂ©couverte de l’interprĂ©tation des textes et de cette phrase d’Eckhart, je suis allĂ© tout droit dans la philosophie. J’ai trouvĂ© dans la philosophie de Hegel comme la vĂ©ritĂ© du christianisme. En dĂ©pit des critiques faites Ă  Hegel, il m’est toujours restĂ© quelque chose de sa philosophie. Hegel est quelqu’un qui reste dans un vrai mouvement de l’esprit, l’esprit comme ce qui excĂšde. Ce n’est pas du tout une pensĂ©e qui boucle tout, qui dirait tout est accompli », comme on le lui a aussi dans ces annĂ©es que j’ai dĂ©couvert la lecture de Derrida, qui a Ă©tĂ© une autre rĂ©vĂ©lation. LĂ , il s’agissait d’une pensĂ©e absolument contemporaine, proche, vivante, qui rĂ©sonnait forcĂ©ment autrement que n’importe quelle philosophie du pour vous une possibilitĂ©, dans la pĂ©riode que nous traversons, de se ressourcer dans le christianisme ? N. Peut-ĂȘtre, mais pas au sens de se baigner dans ses eaux. PlutĂŽt au sens de remonter en arriĂšre de cette source. Avant la source, cela veut dire lĂ  oĂč il n’y avait pas encore de source, lĂ  oĂč il y a la possibilitĂ© d’une source. Je cherche ce qu’il y a au trĂ©fonds de l’Occident, ce quelque chose » dont le christianisme aura Ă©tĂ© le dĂ©veloppement civilisationnel le plus large – avec le judaĂŻsme qui l’a engendrĂ©, et l’islam pour une autre partie de notre monde mĂ©diterranĂ©en – mais qui demande maintenant Ă  ĂȘtre remis en les Ă©crits des mystiques chrĂ©tiens, que l’on rencontre frĂ©quemment dans vos livres, n’aident-ils Ă  rester du cĂŽtĂ© du bon infini » ? N. Sans doute, mais je ne peux que constater l’épuisement de cette veine. J’ai passĂ© ma vie Ă  me rĂ©fĂ©rer Ă  la phrase d’Eckhart comme Ă  la meilleure phrase qu’on puisse prononcer sur le christianisme et sur la religion en gĂ©nĂ©ral, mais aujourd’hui les grands discours de la mystique sont soigneusement recouverts par toute une pacotille bondieusarde. Une trĂšs grande partie de l’humanitĂ© a besoin de religion, mais elle se laisse satisfaire de la maniĂšre la plus grossiĂšre qui soit. C’est presque insupportable d’écouter ou de lire les sermons des Ă©vangĂ©listes. On a envie de dire Mon Dieu, mais les Évangiles, c’est mille fois mieux ! »Pourquoi y a-t-il forcĂ©ment un hiatus entre les pensĂ©es des mystiques et les attentes de quantitĂ© de gens ? Cela reste pour moi une Ă©nigme. Peut-ĂȘtre est-ce liĂ© Ă  un besoin de sĂ©curitĂ©. Cela m’interroge aussi. Avec tout ce que j’ai reçu, ce que j’ai pensĂ© et Ă©crit, moi aussi je me suis donnĂ© un formidable systĂšme d’assurance. Sourire. C’est peut-ĂȘtre bien gentil de dire je me passe de religion », dans la mesure oĂč le discours que j’ai dĂ©veloppĂ© a suffisamment de consistance et de force affective pour me donner un vĂ©ritable sentiment d’ peut ĂȘtre la tĂąche des chrĂ©tiens dans la pĂ©riode que nous traversons ? N. Si les chrĂ©tiens pouvaient creuser l’idĂ©e ou plutĂŽt le motif de l’amour, central dans le christianisme, alors je crois que cela permettrait d’avancer. On a trop considĂ©rĂ© l’amour chrĂ©tien comme une affaire entendue en tant que commandement impossible. C’est ce qu’affirme Freud dans Malaise dans la civilisation. Il y Ă©crit que la seule rĂ©ponse Ă  la violence moderne est l’amour chrĂ©tien, mais il ajoute aussitĂŽt ce n’est pas praticable, cela ne marche pas. Pourtant, Freud termine ce texte en disant que la psychanalyse ne peut rien Ă  la civilisation, que l’on peut craindre que le monde aille de mal en pis, mais que l’on peut espĂ©rer que l’Eros triomphera. Je me suis toujours dit que Freud Ă©tait gonflĂ© ! Rires. D’un cĂŽtĂ©, il Ă©carte l’amour chrĂ©tien. De l’autre, il en appelle Ă  l’Eros, en faisant mine d’ignorer son ambivalence
Pourquoi reprendre cette question aujourd’hui ? N. Parce que cela rĂ©sonne avec ce qui nous prĂ©occupe depuis deux siĂšcles la question du commun. Nous ne cessons de nous demander comment ĂȘtre en commun, comment vivre ensemble. Sans doute la sociĂ©tĂ© s’éprouve-t-elle comme en train de se communisme s’est inscrit dans cette inquiĂ©tude. Aujourd’hui, la rĂ©fĂ©rence au communisme a quasiment disparu, mais la rĂ©flexion sur les communs, les biens communs, le partage, reste centrale. Il est d’ailleurs amusant de voir comment ces mots ont Ă©tĂ© pris en charge tantĂŽt plutĂŽt par le communisme, tantĂŽt plutĂŽt par le christianisme, mais ils ont partout circulĂ© avec un indice positif, en mĂȘme temps que l’on constatait qu’ils Ă©taient mĂ©prisĂ©s, nĂ©gligĂ©s, incompris et Ă  quel point le capitalisme n’offrait pas la possibilitĂ© d’un bien commun pour tous. Nous cherchons Ă  faire du commun, mais comment le faire sans un minimum d’affects, d’amour ?Votre diagnostic sur la situation actuelle est grave, mais votre philosophie est traversĂ©e par la prĂ©sence de la joie. OĂč se fonde pour vous cette joie ? N. La joie n’est pas le contentement. On pourrait dire que c’est l’affect de l’esprit, c’est-Ă -dire de se savoir emportĂ© au-delĂ  de toute finalitĂ© et de toute maĂźtrise. Mais ce savoir » n’est pas intellectuel. Il est joie, je ne peux vraiment pas dire ce qui la fonde
 C’est une disposition, un Ă©tat ou une pulsion sans aucune raison autre qu’elle-mĂȘme. En tout cas, elle vient toujours d’ailleurs. Des autres, pas de moi des grandes pensĂ©es des philosophes, des paroles des poĂštes, de la chaleur des personnes, de la beautĂ© des Ɠuvres ou des corps. Bien sĂ»r, ce n’est pas toujours lĂ , mais lorsque ça arrive, ça touche, ça dates1940. Naissance Ă  CaudĂ©ran Gironde.1968. Professeur de philosophie Ă  l’universitĂ© de Rencontre avec Jacques Il fonde, avec ce dernier, Sarah Kofman et Philippe Lacoue-Labarthe, la collection La philosophie en effet » aux Éditions Il subit une greffe du cƓur, expĂ©rience sur laquelle il reviendra dans L’Intrus GalilĂ©e,en Professeur coups de cƓurL’ensemble Graindelavoix et DalidaQuand j’étais jeune, j’ai fait partie d’un groupe de chant. J’ai Ă©normĂ©ment aimĂ© chanter. Cette sensation du chant qui vous sort de la bouche a quelque chose de magique c’est comme si le corps tout entier partait lĂ -dedans
 Je viens de dĂ©couvrir l’album Tenebrae de Gesualdo par l’ensemble Graindelavoix. J’aime le caractĂšre sĂ©vĂšre, mais sans sĂ©cheresse, de leur chant a cappella. Dans un tout autre style, j’aime aussi Dalida. Il y a une certaine vulgaritĂ© dans son personnage, tout y est outrĂ©, mais elle donnait de la grĂące Ă  une prĂ©sence qui aurait pu ĂȘtre lourde et impĂ©rialiste ».Conrad AikenJe travaille en ce moment sur l’un de ses poĂšmes. C’est vraiment quelqu’un de tout Ă  fait exceptionnel. J’aime sa simplicitĂ© et sa puissance. Dans tous ses Ă©crits, il est trĂšs vif, trĂšs pĂ©nĂ©trant et, en mĂȘme temps, c’est mystĂ©rieux, RothkoJ’aime ses grands formats. Ses couleurs sont pleines de relief. Je suis touchĂ© par la façon dont il est passĂ© de la peinture figurative de sa jeunesse Ă  l’abstraction, tout en continuant Ă  raconter quelque chose

LidĂ©e d'un dĂ©clin nĂ©cessaire et dĂ©finitif de toute civilisation reflĂšte une vision anthropomorphique de la sociĂ©tĂ©, que l'histoire ne dĂ©ment pas toujours : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », dira Paul ValĂ©ry se penchant sur le naufrage de l'Europe pendant la Grande guerre. Ne nous laissons pas prendre par le discours culpabilisant de gouvernements dont les discours martiaux du style "nous sommes en guerre" cachent de plus en plus mal qu'ils ont failli Ă  leur tĂąche. Car cette image mĂȘme fait penser Ă  nos brillants stratĂšges des deux conflits mondiaux qui menaient une guerre selon les principes de la prĂ©cĂ©dente les causes des Ă©vĂšnements actuels, ce sont les rĂ©ductions budgĂ©taires qui, en Italie comme en France, ont conduit Ă  la faillite de systĂšmes hospitaliers qui Ă©taient parmi les meilleurs du monde, au nom du sacro-saint pacte de stabilitĂ© ; ce sont des pratiques d'Ă©vasion fiscale tolĂ©rĂ©es par les Gouvernements et par l'Union EuropĂ©enne qui ont englouti des hĂŽpitaux et des Ă©coles ; c'est la prioritĂ© aux profits des entreprises qui a conduit Ă  des dĂ©localisations sous des cieux bĂ©nis oĂč le coĂ»t du travail est dĂ©risoire ; c'est la dĂ©pendance qui en rĂ©sulte qui a causĂ© une pĂ©nurie des moyens de protection Ă©lĂ©mentaires, mĂȘme pour le personnel soignant ; c'est la soumission servile de nos soi-disant reprĂ©sentants, qui ne savent mĂȘme plus comment s'Ă©crivent les mots "intĂ©rĂȘt commun", aux lobbies industriels et commerciaux ; c'est l'Ă©goĂŻsme europĂ©en dĂ©jĂ  rĂ©vĂ©lĂ© Ă  l'occasion de la crise de la dette publique, qui va aujourd'hui jusqu'Ă  faire voler par un pays le matĂ©riel sanitaire destinĂ© Ă  un autre. Si cette crise ne conduit pas Ă  une remise en cause de nos fondamentaux Ă©conomiques et financiers, nous pourrons Ă©crire sur le fronton de nos mairies, en lieu et place de la devise de la RĂ©publique, cette phrase de Paul ValĂ©ry "Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles". Car ce qui provoque l'effondrement des civilisations, c'est la sclĂ©rose d'institutions qui ne peuvent plus rĂ©pondre Ă  de nouveaux dĂ©fis. Et Paul ValĂ©ry ajoute "les circonstances qui enverraient les Ɠuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les Ɠuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables. Elles sont dans les journaux".Et maintenant, l'article d'Attac ItalieUne des stratĂ©gies les plus efficaces mises en Ɠuvre dans toute situation d'urgence par les pouvoirs forts consiste Ă  culpabiliser les individus pour obtenir d'eux qu'ils intĂ©riorisent la narration dominante sur les Ă©vĂ©nements en cours, afin d'Ă©viter toute forme de rĂ©bellion envers l'ordre stratĂ©gie a Ă©tĂ© largement mise en Ɠuvre dans la derniĂšre dĂ©cennie avec le choc de la dette publique, prĂ©sentĂ© comme la consĂ©quence de modes de vie dĂ©raisonnables, oĂč l'on vivait au-dessus de ses moyens sans faire preuve de responsabilitĂ© envers les gĂ©nĂ©rations Ă©tait d'Ă©viter que la frustration due Ă  la dĂ©gradation des conditions de vie de larges couches de la population ne se transforme en rage contre un modĂšle qui avait donnĂ© la prioritĂ© aux intĂ©rĂȘts des lobbies financiers et des banques sur les droits des bien cette stratĂ©gie qu'on est est en train de dĂ©ployer dans la phase la plus critique de l'Ă©pidĂ©mie de a mis le roi Ă  nu et fait ressortir toutes les impostures de la doctrine systĂšme sanitaire comme celui de l'Italie, qui jusqu'il y a dix ans Ă©tait l'un des meilleurs du monde, a Ă©tĂ© sacrifiĂ© sur l'autel du pacte de stabilitĂ© des coupes budgĂ©taires d'un montant global de 37 milliards et une rĂ©duction drastique du personnel moins personnes, entre mĂ©decins et infirmiĂšres, avec pour brillant rĂ©sultat la disparition de plus de lits d'hĂŽpital – ce qui veut dire, s'agissant de la thĂ©rapie intensive de dramatique actualitĂ©, qu'on est passĂ© de 922 lits pour habitants en 1980 Ă  275 en cela dans le cadre d'un systĂšme sanitaire progressivement privatisĂ©, et soumis, lorsqu'il est encore public, Ă  une torsion entrepreneuriale obsĂ©dĂ©e par l'Ă©quilibre la mise Ă  nu du roi soit partie de la Lombardie est on ne peut plus illustratif cette rĂ©gion considĂ©rĂ©e comme le lieu de l'excellence sanitaire italienne est aujourd'hui renvoyĂ©e dans les cordes par une Ă©pidĂ©mie qui, au cours du drame de ces derniĂšres semaines, a prouvĂ© la fragilitĂ© intrinsĂšque d'un modĂšle Ă©conomico-social entiĂšrement fondĂ© sur la prioritĂ© aux profits d'entreprise et sur la prééminence de l'initiative remettre en question ce modĂšle, et courir ainsi le risque que ce soit tout le chĂąteau de cartes de la doctrine libĂ©rale qui s'Ă©croule en cascade ? Du point de vue des pouvoirs forts, c'est ainsi dĂ©marre la phase de culpabilisation des n'est pas le systĂšme sanitaire, dĂ©-financĂ© et privatisĂ© qui ne fonctionne pas ; ce ne sont pas les dĂ©crets insensĂ©s qui d'un cĂŽtĂ© laissent les usines ouvertes et encouragent mĂȘme la prĂ©sence au travail par des primes et de l'autre rĂ©duisent les transports, transformant les unes et les autres en lieux de propagation du virus ; ce sont les citoyens irresponsables qui se comportent mal, en sortant se promener ou courir au parc, qui mettent en pĂ©ril la rĂ©sistance d'un systĂšme efficace par chasse moderne, mais trĂšs ancienne, au semeur de peste est particuliĂšrement puissante, car elle interfĂšre avec le besoin individuel de donner un nom Ă  l'angoisse de devoir combattre un ennemi invisible ; voilĂ  pourquoi dĂ©signer un coupable les irresponsables », en construisant autour une campagne mĂ©diatique qui ne rĂ©pond Ă  aucune rĂ©alitĂ© Ă©vidente, permet de dĂ©tourner une colĂšre destinĂ©e Ă  grandir avec le prolongement des mesures de restriction, en Ă©vitant qu'elle ne se transforme en rĂ©volte politique contre un modĂšle qui nous a contraints Ă  la compĂ©tition jusqu'Ă  Ă©puisement sans garantir de protection Ă  aucun de Ă  nous comporter de façon responsable et faisons-le avec la dĂ©termination de qui a toujours Ă  l'esprit et dans le cƓur une sociĂ©tĂ© commençons Ă  Ă©crire sur tous les balcons Nous ne reviendrons pas Ă  la normalitĂ©, car la normalitĂ©, c'Ă©tait le problĂšme. »Pour ceux qui lisent l'Italien, le lien avec le texte original
Cesdeux fĂȘtes sauvages mirent le monde en harmonie avec Paul ValĂ©ry au XXĂšme siĂšcle : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Mourir pour ressusciter ĂĄ quoi ? En tout cas les civilisations reprirent du poil de la bĂȘte.
Le deal Ă  ne pas rater Cartes PokĂ©mon sortie d’un nouveau coffret Ultra Premium ... Voir le deal philo Z'amis Forum des citoyens Philosophie 3 participantsAuteurMessageMorgan Kane******Sujet Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Sam 11 Nov - 1138 De Paul Valery, aprĂšs la premiĂšre guerre mondiale Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă  travers l’épaisseur de l’histoire, les fantĂŽmes d’immenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n’étaient pas notre Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence mĂȘme. Mais France, Angleterre, Russie... ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abĂźme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie. Les circonstances qui enverraient les Ɠuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les Ɠuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les n’est pas tout. La brĂ»lante leçon est plus complĂšte encore. Il n’a pas suffi Ă  notre gĂ©nĂ©ration d’apprendre par sa propre expĂ©rience comment les plus belles choses et les plus antiques, et les plus formidables et les mieux ordonnĂ©es sont pĂ©rissables par accident ; elle a vu, dans l’ordre de la pensĂ©e, du sens commun, et du sentiment, se produire des phĂ©nomĂšnes extraordinaires, des rĂ©alisations brusques de paradoxes, des dĂ©ceptions brutales de l’évidence. Je n’en citerai qu’un exemple les grandes vertus des peuples allemands ont engendrĂ© plus de maux que l’oisivetĂ© jamais n’a créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, l’instruction la plus solide, la discipline et l’application les plus sĂ©rieuses, adaptĂ©s Ă  d’épouvantables desseins. Tant d’horreurs n’auraient pas Ă©tĂ© possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes, dissiper tant de biens, anĂ©antir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualitĂ©s morales. Savoir et Devoir, vous ĂȘtes donc suspects ?_________________Tout smouales Ă©taient les borogoves NellyAdminSujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Sam 18 Nov - 1511 Morgan Kane a Ă©crit Je n’en citerai qu’un exemple les grandes vertus des peuples allemands ont engendrĂ© plus de maux que l’oisivetĂ© jamais n’a créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, l’instruction la plus solide, la discipline et l’application les plus sĂ©rieuses, adaptĂ©s Ă  d’épouvantables desseins. Dur, ton texte !Les vertus du peuple allemand... Faut-il les appeler ainsi ? Tout le peuple est-il responsable ? Certes, un tarĂ© bien entourĂ© a Ă©tĂ© dĂ©mocratiquement Ă©lu, mais ne faisons-nous pas les mĂȘme erreurs, nous autres Français, bien moins vertueux ?Combien d'Ă©lecteurs auraient peu imaginer l'horreur qui s'en est suivie ? Morgan Kane a Ă©crit Tant d’horreurs n’auraient pas Ă©tĂ© possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes, dissiper tant de biens, anĂ©antir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualitĂ©s morales. Savoir et Devoir, vous ĂȘtes donc suspects ? Tu sais bien que le peuple suit celui qui parle bien ! Tellement de gens se font avoir eux-mĂȘmes en toute honnĂȘtetĂ© vertu en espĂ©rant vivre mieux et en croyant que ce qu'on leur dit est bon. Certes, nous sommes tous des Ă©goĂŻstes, quelque part, ce qui n'est pas une vertu, mais la Ă  toi InvitĂ© et reviens nous voir souvent. Pestoune***Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 530 Nous l'avons toujours su mais il faut rĂ©guliĂšrement des piqĂ»res de rappel. Ce qu'il se passe en ce moment, c'en est une aussi. On assiste Ă  l'effondrement mondial de l'Ă©conomie, du monde du travail. Un petit virus de rien a mis Ă  terre le monde de l'entreprise. Des tas d'entreprises ne se relĂšveront pas entrainant Ă  leur suite des ouvriers qui se retrouveront sans emploi. Aujourd'hui on nous demande de travailler plus pour compenser les pertes financiĂšres. Certes mais comment faire quand il n'y a plus de travail. Un monde se meurt. Qu'en renaĂźtra-t'il ? Morgan Kane******Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 610 Pestoune a Ă©crit Nous l'avons toujours su mais il faut rĂ©guliĂšrement des piqĂ»res de rappel. Ce qu'il se passe en ce moment, c'en est une aussi. On assiste Ă  l'effondrement mondial de l'Ă©conomie, du monde du travail. Un petit virus de rien a mis Ă  terre le monde de l'entreprise. Des tas d'entreprises ne se relĂšveront pas entrainant Ă  leur suite des ouvriers qui se retrouveront sans emploi. Aujourd'hui on nous demande de travailler plus pour compenser les pertes financiĂšres. Certes mais comment faire quand il n'y a plus de travail. Un monde se meurt. Qu'en renaĂźtra-t'il ? Compte tenu du rĂšgne de la finance et du marchĂ©, une tentative dĂ©sespĂ©rĂ©e de reconstruire le monde d'avant ..... jusqu'Ă  la catastrophe finale .... Ce forum ne faisant pas de politique politicienne, je n'en dis pas plus. _________________Tout smouales Ă©taient les borogoves Pestoune***Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 820 Morgane Kane a Ă©crit Ce forum ne faisant pas de politique politicienne, je n'en dis pas plus je l'avais bien compris en vous lisant et tant mieux c'est pourquoi je n'ai pas approfondi ma pensĂ©e. NĂ©anmoins ce n'est pas politique de dire qu'on assiste Ă  un effondrement du monde tel que nous l'avons connu. Mais que hĂ©las les dirigeants mondiaux continuent de s'accrocher Ă  ce modĂšle. Il est temps de penser autre chose. Ce serait un travail commun Ă  faire entre tous les pays. Un travail collĂ©gial qui donnerait une autre direction Ă  l'humanitĂ©. Mais il faut que l'effondrement soit total pour que l'homme accepte la dĂ©faite. Il faut que le monde souffre pour renaĂźtre. C'est le triste constat de notre Histoire humaine. NellyAdminSujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 1259 Pestoune a Ă©crit Morgane Kane a Ă©crit Ce forum ne faisant pas de politique politicienne, je n'en dis pas plus je l'avais bien compris en vous lisant et tant mieux c'est pourquoi je n'ai pas approfondi ma pensĂ©e. NĂ©anmoins ce n'est pas politique de dire qu'on assiste Ă  un effondrement du monde tel que nous l'avons connu. Mais que hĂ©las les dirigeants mondiaux continuent de s'accrocher Ă  ce modĂšle. Il est temps de penser autre chose. Ce serait un travail commun Ă  faire entre tous les pays. Un travail collĂ©gial qui donnerait une autre direction Ă  l'humanitĂ©. N'est-ce pas utopique ? Nous ne sommes mĂȘme pas en mesure de nous entendre dans le mĂȘme pays, d'ĂȘtre solidaires en Europe pour faire front. Pestoune a Ă©crit Mais il faut que l'effondrement soit total pour que l'homme accepte la dĂ©faite. Il faut que le monde souffre pour renaĂźtre. C'est le triste constat de notre Histoire humaine. _________________Bienvenue Ă  toi InvitĂ© et reviens nous voir souvent. Pestoune***Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Mer 17 Juin - 1408 Nelly a Ă©crit N'est-ce pas utopique ? Nous ne sommes mĂȘme pas en mesure de nous entendre dans le mĂȘme pays, d'ĂȘtre solidaires en Europe pour faire front. D'oĂč mon emploi du conditionnel Contenu sponsorisĂ©Sujet Re Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Page 1 sur 1 Sujets similaires» SOMMES NOUS ENCORE CAPABLES DE NOUS SENTIR RESPONSABLES» Sommes nous responsables de ce que nous sommes ? » ÊTRE ZEN LE SAVONS NOUS?» Du coq Ă  l'Ăąne, comportements et instincts, oĂč en sommes nous?» Philosophie et MediasPermission de ce forumVous ne pouvez pas rĂ©pondre aux sujets dans ce forumphilo Z'amis Forum des citoyens PhilosophieSauter vers Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles», constatait Paul ValĂ©ry au sortir de la premiĂšre guerre mondiale. Qu'est-ce qu'Ă©duquer en cette fin d'un siĂšcle marquĂ© par l'enthousiasme, l'horreur et la dĂ©sillusion? Comment transmettre Ă  la gĂ©nĂ©ration suivante le savoir - ce que la langue germanique These two letters were first published in English in the London weekly AthenĂŠus, nr. 4641, April 11, 1919 and nr. 4644, May 2, 1919. Texte reproduit d'aprĂšs Paul VALÉRY, ƒuvres I, Ă©dition Ă©tablie et annotĂ©e par Jean Hytier, Paris, Gallimard 1957, collection "La PlĂ©iade", pp. 988-1014. - Blog Paul ValĂ©ry VARIÉTÉ ESSAIS QUASI POLITIQUES LA CRISE DE L'ESPRIT PREMIÈRE LETTRE Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d'empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins; descendus au fond inexplorable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acadĂ©mies et leurs sciences pures et appliquĂ©es, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions Ă  travers l'Ă©paisseur de l'histoire, les fantĂŽmes d'immenses navires qui furent chargĂ©s de richesse et d'esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, aprĂšs tout, n'Ă©taient pas notre affaire. Élam, Ninive, Babylone Ă©taient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence mĂȘme. Mais France, Angleterre, Russie... ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l'abĂźme de l'histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu'une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu'une vie. Les circonstances qui enverraient les ouvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les Ɠuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables elles sont dans les journaux. Cf. Cicero, I have spared no pains to make myself master of the Greek language and learning Schiller, A glorious humanity Hugo, In a grand parliament of intelligence Emerson, When the Gods come among men - Disclosing in every fact a germ of expansion Ortega y Gassett, The birth of the city Aeschylus, Nobody's slaves Plato, Tyranny and slavery Gennadius Scholarius, Words are the fathers of all Good Pope Benedict XVI, The Papal Science Learned Freeware Enable Desktop Gadgets on Windows 10 or 11 Search ALL Desktop Gadget Font viewers, to browse, test, install and uninstall your fonts Daily Reading Gadget Greek Clock desktop gadget More Amazon Search Gadget Bible Reader Old Standard and Didot Unicode Greek Polytonic Fonts Menologion Inspirational Desktop Gadget More Nousautres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Paul ValĂ©ry Citations similaires : Nous autres les hommes, nous autres les Biographie - Paul ValĂ©ry Ecrivain, poĂšte et philosophe français. Naissance 1871 - DĂ©cĂšs 1945PĂ©riodeXXe siĂšcleXIXe siĂšcleLieu de naissance France Nous sentons qu’une civilisation a la mĂȘme fragilitĂ© qu’une vie. Note Source La crise de l'espritVoir aussi... Citations sur la vie Paul ValĂ©ry a dit aussi... Une citation est une phrase sortie de son contexte. Pour mieux la lire et la comprendre, il convient donc de la restituer dans l'Ɠuvre et la pensĂ©e de l'auteur ainsi que dans son contexte historique, gĂ©ographique ou philosophique. Une citation exprime l'opinion de son auteur et ne saurait engager le site Attribution de l'image titre, auteur, licence et source du fichier original sur WikipĂ©dia. Modifications des modifications ont Ă©tĂ© apportĂ©es Ă  cette image Ă  partir de l'image originale recadrage, redimensionnement, changement de nom et de couleur. Abonnez-vous Ă  la Citation du Jour par email Pour recevoir une citation tous les jours envoyĂ©e par email, entrez votre adresse Email et cliquez sur envoyer. 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Commele second sens du mot culture, cette définition, qui en est proche, se veut neutre et objective : elle ne hiérarchise pas les civilisations; elle les considÚre, quelles qu'elles soient, comme des productions historiques également valables du génie humain. La civilisation aztÚque. La civilisation égyptienne. Les civilisations
Tribune libre de Pierre-François Ghisoni* Civilisations, nous sommes mortelles ! Reste Ă  le » savoir comme le prĂ©cisait Paul ValĂ©ry dans VariĂ©tĂ©s Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Et j’ose ajouter reste Ă  savoir si nous ne sommes pas dans la derniĂšre phase. Il n’est pas d’Ɠuvre humaine qui ne soit condamnĂ©e Ă  pĂ©rir. Cela va du moindre Ă©crit comme celui-ci Ă  la civilisation dans laquelle il s’insĂšre. Et les exemples ne manquent pas dans le monde. Celui qui aurait prĂ©dit au soir du 15 novembre 1532 que l’empire inca disparaĂźtrait sous les coups de douze Espagnols aurait risquĂ© sa vie. Le 16 au soir
 un Inca le titre Ă©quivalent Ă  empereur et le lendemain
 un prisonnier qui paiera la plus grosse rançon de l’histoire et sera nĂ©anmoins exĂ©cutĂ©. On pourrait multiplier les exemples. Byzance, son empire et sa civilisation tombĂšrent en 1453 au milieu de querelles byzantines ». Vraie ou arrangĂ©e, nous est restĂ©e celle portant sur le sexe des anges ». Alors, la France de 2013 ? Comment ne pas ĂȘtre frappĂ© des similitudes internes avec les derniĂšres Ă©lucubrations de cette minoritĂ© de minoritĂ© et de ce gouvernement, dont on ne sait plus qui supporte l’autre, qui est la corde, qui est le pendu ? Comment ne pas ĂȘtre frappĂ© des similitudes externes au moment oĂč aujourd’hui, le mĂȘme gouvernement relance la question du droit de vote des Ă©trangers, alors qu’il subit et abandonne les zones de non-droit Ă  une nouvelle fĂ©odalitĂ© barbare ? Oui, les civilisations meurent. Elles meurent par la concomitance de fĂȘlures internes et externes qui en atteignent les Ɠuvres vives, maquillĂ©es par un hideux replĂątrage. Elles meurent Ă  cause des mannequins tonitruants aux pieds d’argile. Elles laissent des traces, et d’autres les remplacent. Elles meurent, soit parce qu’elles ont fait leur temps, soit parce qu’on n’a pas voulu traiter quand cela Ă©tait encore possible. Une civilisation Ă  visage humain Elisabeth KĂŒbler-Ross, dont les travaux font autoritĂ©, dĂ©gage cinq stades successifs lorsqu’un diagnostic fatal est annoncĂ© aux humains que nous sommes le dĂ©ni, la colĂšre, le marchandage, la dĂ©pression, l’acceptation. Reste Ă  savoir comment une sociĂ©tĂ© se comporte en la matiĂšre. Reste Ă  rĂ©flĂ©chir, peut-ĂȘtre Ă  agir. Agir, c’est avoir acceptĂ© d’entendre, c’est faire le bilan des possibles sans se masquer les impossibles, c’est, prendre l’une des voies ouvertes aprĂšs le stade d’acceptation laisser-aller, s’y diriger bravement, lĂ©guer pour que le tĂ©moignage perdure. Ici encore, les exemples historiques ne manquent pas, mais mieux vaut y rĂ©flĂ©chir que d’alourdir ce texte. Mieux vaut faire le bilan
 sans nĂ©gliger l’espoir, mais sans s’y accrocher aveuglĂ©ment. Une conclusion provisoire C’est en ce sens qu’il faut comprendre les dĂ©parts, les envies de dĂ©part, ou au contraire les envies de rĂ©sistance, d’enracinement, les affirmations, parfois pĂ©tries de courage, parfois pures rodomontades. C’est en ce sens qu’il faut revoir les raisons que lancent haut et fort un Depardieu, les alibis financiers d’un Arnault et de tant d’autres intouchables. C’est en ce sens que nous continuerons. *Pierre-François Ghisoni blog est Ă©crivain et Ă©diteur.
Citationde Paul ValĂ©ry - Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Accueil; Auteurs; ThĂšmes ; Citation de Paul ValĂ©ry “Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.” ― Paul ValĂ©ry. Facebook. Twitter. WhatsApp. Image. Citation en image: tumblr. Pinterest. Autres citations de Paul ValĂ©ry “La guerre, un
Sujet Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles b. Introduction Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette phrase cĂ©lĂšbre, rĂ©digĂ©e par Paul ValĂ©ry en 1919 figure dans un essai, publiĂ© Ă  la NFR, Ă©tant intitulĂ© La crise de L’Esprit, qui par ailleurs sert de dĂ©but de phrase Ă  son texte philosophique VariĂ©tĂ© l. La date indiquĂ©e nous indique dĂ©j? le contexte histoire, traditionnellement a durera 4 ans 1 914_1 rapport avec cette co nous pouvons ajoute OF Swap next page la Grande Guerre, Mondiale et qui rase est en naturellement, et e serviront de ce bouleversement historique, des autres connus tels que Maurice Genevois, ou encore Guillaume Apollinaire. our en revenir ? notre sujet principal qui n’est autre que la phrase de ValĂ©ry, nous remarquerons que ce dernier utilise le terme de civilisations, terme que nous allons dĂ©finir comme Ă©tant un ensemble de phĂ©nomĂšnes sociaux, religieux, intellectuels, artistiques, scientifiques et techniques propre Ă  un peuple et transmis par l’éducation » Dictionnaire de la langue Française. De cette phrase qui fait allusion Ă  la Grande Guerre, nous nous emanderons si ce conflit ne serait pas plus une Guerre Totale qu’une PremiĂšre Guerre Mondiale. Nous pouvons aussi nous demander en quoi et pourquoi sont-elles mortelles et nous n nous demanderons surtout si cette phrase s’applique Ă  PEurope d’aujourd’hui. Pour rĂ©pondre Ă  ses questions nous verrons dans un premier temps que l’Europe est bel et bien en pleine crise mais non pas en train de dĂ©cliner, puis nous observerons que Grande Guerre a Ă©tĂ© un conflit d’une violence encore inĂ©dite en Europe, et nous finirons par dĂ©couvrir comment l’Europe a Ă©voluĂ© de 1919, fin de a premiĂšre guerre mondiale Ă  de nos jours, le XXIĂšme SiĂšcle tout en passant par la Seconde Guerre Mondiale. I/ La Grande Guerre Une Guerre Totale A Une mobilisation militaire inĂ©dite. La guerre, bien que se dĂ©roulant en Europe ne possĂšde pas vraiment une dimension mondiale, elle engage tout de mĂȘme les empires coloniaux et des zones contrĂŽlĂ©s par les EuropĂ©ens, comme la Chine par exemple, la rendant Ă  partir de ce moment, planĂ©taire. DĂšs 1914, 59,25 millions de soldats seront mobilisĂ©s et en 1917, 3,8 millions dhommes amĂ©ricains viendront soutenir les Triple-Entente composĂ©s de la France, de l’Empire russe qui e battra pour la France jusqu’en 1917 et du Royaume-Uni et ses dominions le Canada, l’Australie, la Nouvelle-ZĂ©lande et l’Afrique du Sud sans oublier le Royaume d’Italie qui les rejoindra le 23 mai 1915. Suite Ă  une perte importante de soldats, un appel aux populations est lancĂ©, les Britanniques font donc appel Ă  leurs dominions et parviennent Ă  mobiliser plus 1 million de volontaires. Les 600 000 indigĂšnes levĂ©s par la France seront envoyĂ©s aux trois-quarts des mĂ©tropoles. Nous avons donc au totale, plus de 73 650 000 soldats mobilisĂ©s 0 envoyĂ©s aux trois-quarts des mĂ©tropoles. Nous avons donc au totale, plus de 73 650 000 soldats mobilisĂ©s lors de la Grande Guerre dont 8 294 000 mourront. B Les Ă©conomies de la guerre. La logique que la puissance Ă©conomique dĂ©termine la puissance militaire est bel et bien rĂ©elle et est prouvĂ© par la Grande Guerre en raison sa durĂ©e et de son intensitĂ©. Lors d’une guerre mondiale, il faut pouvoir convertir l’argent, et ainsi pouvoir se ravitailler en armes et en matĂ©riels, comme les obus, de nouvelles usines d’armement, des chars, des avions, des canons. DĂ©butĂ© en Automne 1914, un blocus maritime affaiblira l’Allemagne ussi bien Ă©conomiquement qu’en hommes. Tout ce qui est fabrications et/ou Ă©changes se verra rĂ©alisĂ©e Ă  stricte condition que le but soit d’augmenter l’efficacitĂ© et/ou la coordination entre les puissances alliĂ©e Ă  cette Ă©poque. L’économie devra ĂȘtre organisĂ©e par les Etats si ceux-ci souhaitent disperser les matiĂšres premiĂšres, fixer les prix, orienter les productions et surtout, mobiliser la main-d’Ɠuvre. Les industriels tels que CitroĂ«n, Renault et Schneider en France, deviendront des alliĂ©s, des ressources pour les Etats. Ainsi, des hommes comme A. Thomas et W. Rathenau se verront ĂȘtre en tĂȘte d’administration pour cet effort. Concernant la main-d’Ɠuvre, la trouver ne sera pas chose facile alors que malheureusement, l’armĂ©e rĂ©clamera toujours plus de soldats. On fait donc appel aux Ă©trangers, aux femmes. Les femmes qui serviront de main-d’Ɠuvre et produiront des munitions dans les usines seront appelĂ©es Munition de main-d’Ɠuvre et produiront des munitions dans les usines seront appelĂ©es Munitionnettes C Une mobilisation psychologique comme idĂ©ologique. Durant la Grande Guerre, il faudra entretenir le moral des civils, des populations. Pour se rĂ©aliser, les informations et lettres des soldats seront soigneusement lues et censurĂ©s ou dĂ©truites si les nouvelles sont mauvaises. Ainsi, aucune nouvelle nĂ©gative ne peut affoler la population. La propagande deviendra une activitĂ© premiĂšre, centrale de la guerre. La propagande essaie de bĂątir et fortifier la permission nationale. Les causes du combat seront sans cesse rappelĂ©es aux citoyens. L’ennemi est dĂ©crit diaboliquement, pĂ©jorativement, diabolisĂ©, extrapolĂ©. Le bourrage de crĂąne naitra aussi chez les enfants participants Ă  la mobilisation, et ceux par le lien qu’est l’école. Ce sont donc toutes les populations qui sont concernĂ©es, populations qui seront de ce fait, installĂ©es dans ce que ron appelle un Culture de Guerre », ce qui permet tout de mĂȘme au soldat de tenir bon. Il/ La Grande Guerre, un conflit d’une violence inĂ©dite. A La violence de la Grande Guerre. Le nombre de lambeaux de corps abandonnĂ©s sur le champ de bataille s’enchaĂźne et identifier les corps s’avĂšre trĂšs souvent problĂ©matique. Les cimetiĂšres militaires se multiplient dans l’ArriĂšre, populations ne prenant point pas part aux populations militaires mais qui peuvent participer Ă  l’effort de guerre, et ossĂšdent des cadavres encore non-identifiĂ©s Ă  cause des dĂ©figurations, ce qui tĂ©moigne de la violence de la guerre subi 4 0 cadavres encore non-identifiĂ©s Ă  cause des dĂ©figurations, ce qui tĂ©moigne de la violence de la guerre subie par les soldats. Les blessĂ©s qui survivent le resteront Ă©videmment Ă  vie et seront nommĂ©s Les Gueules CassĂ©es » sans oublier les poumons gravement endommagĂ©s par fypĂ©rite, gaz moutarde La violence de la guerre ira mĂȘme jusqu’à faire e mutiler les soldats eux-mĂȘmes, soldats qui seront sanctionnĂ©s. Les utineries de 1917, qui se dĂ©rouleront entre mai et juin, suivent en fait l’échec de l’offensive française du chemin des Dames. Nous compterons alors plus de 40 000 mutins. Une rĂ©pression, qui sera modĂ©rĂ©e, et une amĂ©lioration des conditions de vie des soldats permettront de remĂ©dier aux mutineries. B Le gĂ©nocide ArmĂ©nien. e gĂ©nocide armĂ©nien aura lieu en 1915, en Turquie, pays alliĂ©s aux Empires centraux Allemagne, Autriche-Hongrie et sera commandĂ© par le gouvernement turc qui veut Ă©liminer la minoritĂ© armĂ©nienne 2 millions d’individus de son territoire. Il soupçonne cette minoritĂ©, situĂ©e au nord-est du pays, de vouloir se rallier au Russes. Pour se faire, le gouvernement turc utilisera diverses mĂ©thodes inhumaines les massacres des hommes et viols des femmes dans des villages orientaux occupĂ©s par une majoritĂ© d’ArmĂ©niens, les privĂ©s de nourritures et d’eau sur des centaines de kilomĂštres, dĂ©porter de la population vers des camps de concentration vides de rĂ©serves alimentaires. Plus d’un million d’ArmĂ©niens ont pĂ©ri durant cette pĂ©riode. Beaucoup ont fui les massacres vers l’Europe, notamment la France. CĂ©tat Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » ""Les mots de Paul ValĂ©ry aprĂšs le dĂ©sastre de la Grande Guerre, devraient inquiĂ©ter les TLFi AcadĂ©mie9e Ă©dition AcadĂ©mie8e Ă©dition AcadĂ©mie4e Ă©dition BDLPFrancophonie BHVFattestations DMF1330 - 1500 MORTEL, -ELLE, adj. et − Adj. et − Adj. Qui est sujet Ă  la [En parlant d'un ĂȘtre vivant gĂ©n. un homme] Il y avoit lĂ  devant nous une crĂ©ature mortelle, convaincue de notre immortalitĂ© StaĂ«l,Allemagne, 1810, connais, monsieur, toute l'Ă©tendue de la perte que vous avez faite; mais, enfin, nous sommes tous mortels Jouy,Hermite, 1814, L'homme vint le dernier des animaux, parent de tous, et proche de quelques-uns. Les termes dont on le dĂ©signe encore aujourd'hui marquent son origine on l'appelle humain et mortel. A. France,Vie fleur, 1922, [P. mĂ©ton.]− [En parlant du corps de l'homme] Cette fiĂšvre qui ... gonflait Ă  la briser chaque veine, et dissĂ©quait chaque point de ce corps mortel en des millions de souffrances Dumas pĂšre, Monte-Cristo, 1846, ces griffes lĂ©gĂšres que la moindre douleur imprime sur un visage mortel Mauriac,Journal 1, 1934, [P. oppos. Ă  la partie immatĂ©rielle de l'homme l'Ăąme, l'esprit]RELIG. Corps mortel, chair mortelle. Et, maudissant Don Juan, lui jeta bas Son corps mortel, mais son Ăąme, non pas! Verlaine, ƒuvres compl., Jadis, 1884, DĂ©pouille mortelle, restes mortels. Cadavre. PrĂȘt Ă  dĂ©poser sa dĂ©pouille mortelle dans la terre Ă©trangĂšre Chateaubr.,MĂ©m., 1848, char emportant au PĂšre-Lachaise les restes mortels de Charles Hugo Verlaine, ƒuvres compl., Vingt-sept biogr. E. de Goncourt, 1896, sa dĂ©pouille, son enveloppe mortelle. Mourir. Quand l'Ăąme aura quittĂ© son enveloppe mortelle Maine de Biran,Journal, 1815, [P. oppos. Ă  des ĂȘtres immatĂ©riels dieux, anges] Si les anges daignoient revĂȘtir une forme mortelle pour apparoĂźtre aux hommes, ce seroit sous les traits de Maria Genlis,Chev. Cygne, 1795, est vrai qu'un vers d'HomĂšre ait subitement douĂ© Phidias du sentiment de la majestĂ© des dieux, lui ait appris Ă  la reprĂ©senter vivante Ă  des regards mortels Dusaulx,Voy. BarĂšge, 1796, race mortelle. La race humaine. Je veux ĂȘtre par toi prĂ©sent et favorable Ă  la race mortelle ValĂ©ry,VariĂ©tĂ© III, 1936, [En parlant de la condition de l'Homme] Existence, vie mortelle. Qu'il Ă©toit Ă©tonnant d'oser trouver des conformitĂ©s entre nos jours mortels et les Ă©ternels destins du maĂźtre du monde! Chateaubr.,GĂ©nie, jeudi. Ascension − Quelle belle fin de la vie mortelle de Notre-Seigneur JĂ©sus-Christ! Dupanloup,Journal, 1851, Par lĂ , la phrase de Vinteuil avait, comme tel thĂšme de Tristan par exemple, qui nous reprĂ©sente aussi une certaine acquisition sentimentale, Ă©pousĂ© notre condition mortelle, pris quelque chose d'humain qui Ă©tait assez touchant. Proust,Swann, 1913, Au fig. [En parlant d'un inanimĂ©] Qui peut pĂ©rir, disparaĂźtre. Il y avait tout l'amour dans leurs sourires mais ce n'Ă©tait qu'un pauvre amour mortel Beauvoir,Tous les hommes mort., 1946, Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles; nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d'empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins descendus au fond inexplorable des siĂšcles... ValĂ©ry,VariĂ©tĂ© III, 1936, − Subst. Être LittĂ©r. Ranime-toi, foible mortel, Ă  ce spectacle actif de la nature Saint-Martin,Homme dĂ©sir, 1790, Quelle est cette Ă©toile qui file, Qui file, file, et disparaĂźt? − Mon enfant, un mortel expire; Son Ă©toile tombe Ă  l'instant. BĂ©ranger,Chans., 1829, Audacieux, aveugle, chĂ©tif, faible, grossier, humble, insensible, fortunĂ©, malheureux, misĂ©rable, pauvre, perfide, vil [En constr. dans des loc. figĂ©es]♩ Une simple mortelle. Une personne comme les autres. AprĂšs tout, Marie n'avait-elle pas Ă©tĂ© une simple mortelle, une faible femme qui avait connu toutes les misĂšres de la vie Montalembert,Ste Élisabeth, 1836, Un heureux mortel. Une personne qui a de la chance. Je vous fĂ©licite, mon cher, vous ĂȘtes un heureux mortel Taine,Notes Paris, 1867, Les mortels. L'ensemble des humains, l'humanitĂ©. La lumiĂšre du jour si chĂšre aux mortels Chateaubr.,Martyrs, 1810, Le commun des mortels. Le plus grand nombre des hommes. M. Godeau ne pouvait plus respirer l'air du commun des mortels qui lui Ă©tait dĂ©parti Jouhandeau,M. Godeau, 1926, − AdjectifA. − Qui cause la mort. J'ai eu la bĂȘtise de consulter un mĂ©decin ... et bien entendu il m'a trouvĂ© trois ou quatre maladies mortelles MĂ©rimĂ©e,Lettres ctessede Montijo, 1841, Quelle, et si fine, et si mortelle, Que soit ta pointe, blonde abeille, Je n'ai, sur ma tendre corbeille, JetĂ© qu'un songe de dentelle. ValĂ©ry,Charmes, 1922, Être mortel Ă , pour qqn, qqc. L'heure oĂč l'ombre est mortelle Au voyageur suant qui s'arrĂȘte sous elle Barbier,Ïambes, 1840, Accident, breuvage, choc, combat, coup, danger, mal, pĂ©ril mortel; balle, blessure, dose, Ă©manation, maladie, menace, morsure, plaie mortelle.♩ Proverbe. Plaie d'argent n'est pas mortelle. Plaie d'argent n'est pas mortelle, dit-on; mais ces plaies-lĂ  ne peuvent pas avoir d'autre mĂ©decin que le malade Balzac,Illus. perdues, 1843, RELIG. CATHOL. PĂ©chĂ© mortel. PĂ©chĂ© qui enlĂšve Ă  l'Ăąme la grĂące de la vie Ă©ternelle. Ils communient tous les dimanches! Je vous garantis qu'ils n'accepteraient pas de vivre en Ă©tat de pĂ©chĂ© mortel Beauvoir,MĂ©m. j. fille, 1958, − P. hyperb. [CaractĂ©risant un subst. avec une valeur intensive]1. Qui est pĂ©nible, dĂ©sagrĂ©able ou ennuyeux Ă  mourir.− [Le subst. dĂ©signe des circonstances, un Ă©vĂ©nement auquel une pers. est confrontĂ©e] Il y a de cette ville Ă  cette autre dix mortelles lieues heures, deux heures mortelles pour le pauvre amoureux se passĂšrent ainsi, sans que M. MĂŒller vĂźnt Ă  bout de trouver l'Ă©tymologie de ranunculus Karr,Sous tilleuls, 1832, n'est pas de sa faute si je n'ai pas encore pris mal. Elle Ă©tablit dans les wagons des courants d'air mortels Mauriac,GĂ©nitrix, 1923, [Le subst. dĂ©signe le sentiment Ă©prouvĂ© face Ă  un Ă©vĂ©nement pĂ©nible ou ennuyeux] Puisque nous voici ensemble, ma chĂšre, dit-il en s'asseyant sur le sofa, au mortel dĂ©plaisir de Valentine, je suis rĂ©solu de vous entretenir d'une affaire assez importante Sand,Valentine, 1832, DaĂŻdha!!!» s'Ă©cria la foule... C'Ă©tait elle. Qui, sous l'horrible poids d'une angoisse mortelle, Au vague bruit d'enfants, par son coeur entendu, Était sortie au jour Ă  ses pas dĂ©fendu... Lamart.,Chute, 1838, DĂ©goĂ»t, ennui mortel; inquiĂ©tude, tristesse [En parlant d'un sentiment hostile] Qui est si aigu qu'il pourrait ĂȘtre homicide. Antipathie mortelle; ressentiment mortel. En butte Ă  la haine mortelle de ces hommes dont il dĂ©nonçait les crimes Clemenceau,Vers rĂ©paration, 1899, Ennemi mortel. Personne qui en hait une autre ou qui en est profondĂ©ment haĂŻe. Chacun y eĂ»t gardĂ© la parole pendant vingt minutes et fĂ»t restĂ© l'ennemi mortel de son antagoniste dans la discussion Stendhal,Souv. Ă©gotisme, 1832, Qui Ă©voque la mort, qui a les caractĂ©ristiques propres Ă  la mort. À ces mots, une pĂąleur mortelle couvrit le visage de Corinne StaĂ«l,Corinne, 1807, n'entendais aucun bruit. Ce silence mortel finit par m'effrayer si bien que je me levai sur la pointe des pieds nus et marchai vers la clartĂ© Duhamel,Notaire Havre, 1933, et Orth. [mɔ ʀtΔl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Sens passif sujet Ă  la mort» 1. fin xes. om mortal Passion, Ă©d. D'Arco Silvio Avalle, 339; ca 1160 subst. plusor mortal Eneas, 2285 ds 2. ca 1050 la mortel vithe St Alexis, Ă©d. Chr. Storey, 63; 3. 1269-78 richeces mortex Jean de Meun, Rose, Ă©d. F. Lecoy, 5227. B. Sens actif 1. ca 1100 qui souhaite la mort, qui porte la mort» sun mortel enemi Roland, Ă©d. J. BĂ©dier, 461; ca 1120-50 mortel serpent [Satan] Grant mal fist Adam, I, 2 ds 1155 mortel tirant Wace, Brut, 6131, ibid.; 2. ca 1100 une mortel bataille Roland, 658; id. mortel rage ibid., 747; 1155 mortel hĂ€ine Wace, op. cit., 14410, ibid. 1erquart xiiies. relig. chrĂ©t. pekiĂ© mortal Renclus de Molliens, Miserere, 71, 1, ibid.; 3. 1572 mortel poison Amyot, Hommes illustres, PompĂ©e, 50, Ă©d. GĂ©rard-Walter, ds ƒuvres. C. de mort, concernant la mort» 1130-40 cri mortel Geoffroi Gaimar, Estoire des Engleis, Ă©d. A. Bell, 4421 Li reis criad un cri mortel, L'aneme s'en vait ...; 1174-87 lit mortel ChrĂ©tien de Troyes, Perceval, Ă©d. F. Lecoy, 4816. Empr. au lat. mortalis sujet Ă  la mort, pĂ©rissable; humain, mortel; des mortels» − subst. ĂȘtre humain» − ; mortel, qui donne la mort», spĂ©c. mortale crimen, mortalia delicta pĂ©chĂ© mortel» dans la lang. chrĂ©t. FrĂ©q. abs. littĂ©r. 3398. FrĂ©q. rel. littĂ©r. xixes. a 7739, b 4143; xxes. a 3901, b 3280. Bbg. Henning Mortel, ange et dĂ©mon. Mod. Lang. Notes. 1938, Nous autres, civilisations, lançait Paul Valery au dĂ©but du XXe siĂšcle, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Le coup fut douloureux pour la pensĂ©e occidentale, dĂ©jĂ  Ă©branlĂ©e, Ă  la fin du XIXe siĂšcle, par l’annonce nietzschĂ©enne de la mort consommĂ©e de Dieu. Ainsi, ceux qui ne croyaient plus aux arriĂšre-mondes religieux Ă©ternels devaient s’habituer Ă 
La longue, l’inĂ©puisable durĂ©e des civilisations Un texte classique de Fernand Braudel Fernand Braudel
 Ce texte est extrait de l’article de Fernand Braudel Histoire des Civilisations le passĂ© explique le prĂ©sent » publiĂ© en 1959 dans L’encyclopĂ©die française et repris en 1997 dans Les Ambitions de l’Histoire Paris, Éditions de Fallois, 1997. Ce que l’historien des civilisations peut affirmer, mieux qu’aucun autre, c’est que les civilisations sont des rĂ©alitĂ©s de trĂšs longue durĂ©e. Elles ne sont pas mortelles , Ă  l’échelle de notre vie individuelle surtout, malgrĂ© la phrase trop cĂ©lĂšbre de Paul ValĂ©ry. Je veux dire que les accidents mortels, s’ils existent et ils existent, bien entendu, et peuvent disloquer leurs constellations fondamentales les frappent infiniment moins souvent qu’on ne le pense. Dans bien des cas, il ne s’agit que de mises en sommeil. D’ordinaire, ne sont pĂ©rissables que leurs fleurs les plus exquises, leurs rĂ©ussites les plus rares, mais les racines profondes subsistent au-delĂ  de bien des ruptures, de bien des hivers. RĂ©alitĂ©s de longue, d’inĂ©puisable durĂ©e, les civilisations, sans fin rĂ©adaptĂ©es Ă  leur destin, dĂ©passent donc en longĂ©vitĂ© toutes les autres rĂ©alitĂ©s collectives; elles leur survivent. De mĂȘme que, dans l’espace, elles transgressent les limites des sociĂ©tĂ©s prĂ©cises qui baignent ainsi dans un monde rĂ©guliĂšrement plus vaste qu’elles-mĂȘmes et en reçoivent, sans toujours en ĂȘtre conscientes, une impulsion, des impulsions particuliĂšres, de mĂȘme s’affirme dans le temps, Ă  leur bĂ©nĂ©fice, un dĂ©passement que Toynbee a bien notĂ© et qui leur transmet d’étranges hĂ©ritages, incomprĂ©hensibles pour qui se contente d’observer, de connaĂźtre le prĂ©sent » au sens le plus Ă©troit. Autrement dit, les civilisations survivent aux bouleversements politiques, sociaux, Ă©conomiques, mĂȘme idĂ©ologiques que, d’ailleurs, elles commandent insidieusement, puissamment parfois. La RĂ©volution française n’est pas une coupure totale dans le destin de la civilisation française, ni la RĂ©volution de 1917 dans celui de la civilisation russe, que certains intitulent, pour l’élargir encore, la civilisation orthodoxe orientale. Je ne crois pas davantage, pour les civilisations s’entend, Ă  des ruptures ou Ă  des catastrophes sociales qui seraient irrĂ©mĂ©diables. Donc, ne disons pas trop vite, ou trop catĂ©goriquement, comme Charles Seignobos le soutenait un jour 1938 dans une discussion amicale avec l’auteur de ces lignes, qu’il n’y a pas de civilisation française sans une bourgeoisie, ce que Jean Cocteau traduit Ă  sa façon La bourgeoisie est la plus grande souche de France
 Il y a une maison, une lampe, une soupe, du feu, du vin, des pipes, derriĂšre toute oeuvre importante de chez nous. » Et cependant, comme les autres, la civilisation française peut, Ă  la rigueur, changer de support social, ou s’en crĂ©er un nouveau. En perdant telle bourgeoisie, elle peut mĂȘme en voir pousser une autre. Tout au plus changerait-elle, Ă  cette Ă©preuve, de couleur par rapport Ă  elle-mĂȘme, mais elle conserverait presque toutes ses nuances ou originalitĂ©s par rapport Ă  d’autres civilisations; elle persisterait, en somme, dans la plupart de ses vertus » et de ses erreurs ». Du moins, je l’imagine
 Aussi bien, pour qui prĂ©tend Ă  l’intelligence du monde actuel, Ă  plus forte raison pour qui prĂ©tend y insĂ©rer une action, c’est une tĂąche payante » que de savoir discerner, sur la carte du monde, les civilisations aujourd’hui en place, en fixer les limites, en dĂ©terminer les centres et pĂ©riphĂ©ries, les provinces et l’air qu’on y respire, les formes » particuliĂšres et gĂ©nĂ©rales qui y vivent et s’y associent. Sinon, que de dĂ©sastres ou de bĂ©vues en perspective! Dans cinquante, dans cent ans, voire dans deux ou trois siĂšcles, ces civilisations seront encore, selon toute vraisemblance, Ă  peu prĂšs Ă  la mĂȘme place sur la carte du monde, que les hasards de l’Histoire les aient, ou non, favorisĂ©es, toutes choses Ă©gales d’ailleurs, comme dit la sagesse des Ă©conomistes, et sauf Ă©videmment si l’humanitĂ©, entre-temps, ne s’est pas suicidĂ©e, comme malheureusement elle en a, dĂšs aujourd’hui, les moyens. Ainsi notre premier geste est de croire Ă  l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©, Ă  la diversitĂ© des civilisations du monde, Ă  la permanence, Ă  la survie de leurs personnages, ce qui revient Ă  placer au premier rang de l’actuel cette Ă©tude de rĂ©flexes acquis, d’attitudes sans grande souplesse, d’habitudes fermes, de goĂ»ts profonds qu’explique seule une histoire lente, ancienne, peu consciente tels ces antĂ©cĂ©dents que la psychanalyse place au plus profond des comportements de l’adulte. Il faudrait qu’on nous y intĂ©resse dĂšs l’école, mais chaque peuple prend trop de plaisir Ă  se considĂ©rer dans son propre miroir, Ă  l’exclusion des autres. En vĂ©ritĂ©, cette connaissance prĂ©cieuse reste assez peu commune. Elle obligerait Ă  considĂ©rer en dehors de la propagande, valable seulement, et encore, Ă  court terme tous les graves problĂšmes des relations culturelles, cette nĂ©cessitĂ© de trouver, de civilisation Ă  civilisation, des langages acceptables qui respectent et favorisent des positions diffĂ©rentes, peu rĂ©ductibles les unes aux autres. Et pourtant, tous les observateurs, tous les voyageurs, enthousiastes ou maussades, nous disent l’uniformisation grandissante du monde. DĂ©pĂȘchons-nous de voyager avant que la terre n’ait partout le mĂȘme visage! En apparence, il n’y a rien Ă  rĂ©pondre Ă  ces arguments. Hier, le monde abondait en pittoresque, en nuances; aujourd’hui toutes les villes, tous les peuples se ressemblent d’une certaine maniĂšre Rio de Janeiro est envahi depuis plus de vingt ans par les gratte-ciel; Moscou fait penser Ă  Chicago; partout des avions, des camions, des autos, des voies ferrĂ©es, des usines; les costumes locaux disparaissent, les uns aprĂšs les autres
 Cependant, n’est-ce pas commettre, au-delĂ  d’évidentes constatations, une sĂ©rie d’erreurs assez graves? Le monde d’hier avait dĂ©jĂ  ses uniformitĂ©s; la technique et c’est elle dont on voit partout le visage et la marque n’est assurĂ©ment qu’un Ă©lĂ©ment de la vie des hommes, et surtout, ne risquons-nous pas, une fois de plus, de confondre la et les civilisations ? La terre ne cesse de se rĂ©trĂ©cir et, plus que jamais, voilĂ  les hommes sous un mĂȘme toit » Toynbee, obligĂ©s de vivre ensemble, les uns sur les autres. A ces rapprochements, ils doivent de partager des biens, des outils, peut-ĂȘtre mĂȘme certains prĂ©jugĂ©s communs. Le progrĂšs technique a multipliĂ© les moyens au service des hommes. Partout la civilisation offre ses services, ses stocks, ses marchandises diverses. Elle les offre sans toujours les donner. Si nous avions sous les yeux une carte des rĂ©partitions des grosses usines, des hauts fourneaux, des centrales Ă©lectriques, demain des usines atomiques, ou encore une carte de la consommation dans le monde des produits modernes essentiels, nous n’aurions pas de peine Ă  constater que ces richesses et que ces outils sont trĂšs inĂ©galement rĂ©partis entre les diffĂ©rentes rĂ©gions de la terre. Il y a, ici, les pays industrialisĂ©s, et lĂ , les sous-dĂ©veloppĂ©s qui essaient de changer leur sort avec plus ou moins d’efficacitĂ©. La civilisation ne se distribue pas Ă©galement. Elle a rĂ©pandu des possibilitĂ©s, des promesses, elle suscite des convoitises, des ambitions. En vĂ©ritĂ©, une course s’est instaurĂ©e, elle aura ses vainqueurs, ses Ă©lĂšves moyens, ses perdants. En ouvrant l’éventail des possibilitĂ©s humaines, le progrĂšs a ainsi Ă©largi la gamme des diffĂ©rences. Tout le peloton se regrouperait si le progrĂšs faisait halte ce n’est pas l’impression qu’il donne. Seules, en fait, les civilisations et les Ă©conomies compĂ©titives sont dans la course. Bref, s’il y a, effectivement, une inflation de la civilisation, il serait puĂ©ril de la voir, au-delĂ  de son triomphe, Ă©liminant les civilisations diverses, ces vrais personnages, toujours en place et douĂ©s de longue vie. Ce sont eux qui, Ă  propos de progrĂšs, engagent la course, portent sur leurs Ă©paules l’effort Ă  accomplir, lui donnent, ou ne lui donnent pas un sens. Aucune civilisation ne dit non Ă  l’ensemble de ces biens nouveaux, mais chacune lui donne une signification particuliĂšre. Les gratte-ciel de Moscou ne sont pas les buildings de Chicago. Les fourneaux de fortune et les hauts fourneaux de la Chine populaire ne sont pas, malgrĂ© des ressemblances, les hauts fourneaux de notre Lorraine ou ceux du BrĂ©sil de Minas Gerais ou de Volta Redonda. Il y a le contexte humain, social, politique, voire mystique. L’outil, c’est beaucoup, mais l’ouvrier, c’est beaucoup aussi, et l’ouvrage, et le coeur que l’on y met, ou que l’on n’y met pas. Il faudrait ĂȘtre aveugle pour ne pas sentir le poids de cette transformation massive du monde, mais ce n’est pas une transformation omniprĂ©sente et, lĂ  oĂč elle s’accomplit, c’est sous des formes, avec une ampleur et une rĂ©sonance humaine rarement semblables. Autant dire que la technique n’est pas tout, ce qu’un vieux pays comme la France sait, trop bien sans doute. Le triomphe de la civilisation au singulier, ce n’est pas le dĂ©sastre des pluriels. Pluriels et singulier dialoguent, s’ajoutent et aussi se distinguent, parfois Ă  l’oeil nu, presque sans qu’il soit besoin d’ĂȘtre attentif. Sur les routes interminables et vides du Sud algĂ©rien, entre Laghouat et GhardaĂŻa, j’ai gardĂ© le souvenir de ce chauffeur arabe qui, aux heures prescrites, bloquant son autocar, abandonnait ses passagers Ă  leurs pensĂ©es et accomplissait, Ă  quelques mĂštres d’eux, ses priĂšres rituelles
 Ces images, et d’autres, ne valent pas comme une dĂ©monstration. Mais la vie est volontiers contradictoire le monde est violemment poussĂ© vers l’unitĂ©; en mĂȘme temps, il reste fondamentalement divisĂ©. Ainsi en Ă©tait-il hier dĂ©jĂ  unitĂ© et hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© cohabitaient vaille que vaille. Pour renverser le problĂšme un instant, signalons cette unitĂ© de jadis que tant d’observateurs nient aussi catĂ©goriquement qu’ils affirment l’unitĂ© d’aujourd’hui. Ils pensent qu’hier le monde Ă©tait divisĂ© contre lui-mĂȘme par l’immensitĂ© et la difficultĂ© des distances montagnes, dĂ©serts, Ă©tendues ocĂ©aniques, Ă©charpes forestiĂšres constituaient autant de barriĂšres rĂ©elles. Dans cet univers cloisonnĂ©, la civilisation Ă©tait forcĂ©ment diversitĂ©. Sans doute. Mais l’historien qui se retourne vers ces Ăąges rĂ©volus, s’il Ă©tend ses regards au monde entier, n’en perçoit pas moins des ressemblances Ă©tonnantes, des rythmes trĂšs analogues Ă  des milliers de lieues de distance. La Chine des Ming, si cruellement ouverte aux guerres d’Asie, est plus proche de la France des Valois, assurĂ©ment, que la Chine de Mao TsĂ©toung ne l’est de la France de la Ve RĂ©publique. N’oublions pas d’ailleurs que mĂȘme Ă  cette Ă©poque, les techniques voyagent. Les exemples seraient innombrables. Mais lĂ  n’est pas le grand ouvrier de l’uniformitĂ©. L’homme, en vĂ©ritĂ©, reste toujours prisonnier d’une limite, dont il ne s’évade guĂšre. Cette limite, variable dans le temps, elle est sensiblement la mĂȘme, d’un bout Ă  l’autre de la terre, et c’est elle qui marque de son sceau uniforme toutes les expĂ©riences humaines, quelle que soit l’époque considĂ©rĂ©e. Au Moyen Age, au XVIe siĂšcle encore, la mĂ©diocritĂ© des techniques, des outils, des machines, la raretĂ© des animaux domestiques ramĂšnent toute activitĂ© Ă  l’homme lui-mĂȘme, Ă  ses forces, Ă  son travail; or, l’homme, lui aussi, partout, est rare, fragile, de vie chĂ©tive et courte. Toutes les activitĂ©s, toutes les civilisations s’éploient ainsi dans un domaine Ă©troit de possibilitĂ©s. Ces contraintes enveloppent toute aventure, la restreignent Ă  l’avance, lui donnent, en profondeur, un air de parentĂ© Ă  travers espace et temps, car le temps fut lent Ă  dĂ©placer ces bornes. Justement, la rĂ©volution, le bouleversement essentiel du temps prĂ©sent, c’est l’éclatement de ces enveloppes » anciennes, de ces contraintes multiples. A ce bouleversement, rien n’échappe. C’est la nouvelle civilisation, et elle met Ă  l’épreuve toutes les civilisations. Mais entendons-nous sur cette expression le temps prĂ©sent. Ne le jugeons pas, ce prĂ©sent, Ă  l’échelle de nos vies individuelles, comme ces tranches journaliĂšres, si minces, insignifiantes, translucides, que reprĂ©sentent nos existences personnelles. A l’échelle des civilisations et mĂȘme de toutes les constructions collectives, c’est d’autres mesures qu’il faut se servir, pour les comprendre ou les saisir. Le prĂ©sent de la civilisation d’aujourd’hui est cette Ă©norme masse de temps dont l’aube se marquerait avec le XVIIIe siĂšcle et dont la nuit n’est pas encore proche. Vers 1750, le monde, avec ses multiples civilisations, s’est engagĂ© dans une sĂ©rie de bouleversements, de catastrophes en chaĂźne elles ne sont pas l’apanage de la seule civilisation occidentale. Nous y sommes encore, aujourd’hui. Cette rĂ©volution, ces troubles rĂ©pĂ©tĂ©s, repris, ce n’est pas seulement la rĂ©volution industrielle, c’est aussi une rĂ©volution scientifique mais qui ne touche qu’aux sciences objectives, d’oĂč un monde boiteux tant que les sciences de l’homme n’auront pas trouvĂ© leur vrai chemin d’efficacitĂ©, une rĂ©volution biologique enfin, aux causes multiples, mais au rĂ©sultat Ă©vident, toujours le mĂȘme une inondation humaine comme la planĂšte n’en a jamais vue. BientĂŽt trois milliards d’humains ils Ă©taient Ă  peine 300 millions en 1400. Si l’on ose parler de mouvement de l’Histoire, ce sera, ou jamais, Ă  propos de ces marĂ©es conjuguĂ©es, omniprĂ©sentes. La puissance matĂ©rielle de l’homme soulĂšve le monde, soulĂšve l’homme, l’arrache Ă  lui- mĂȘme, le pousse vers une vie inĂ©dite. Un historien habituĂ© Ă  une Ă©poque relativement proche le XVIe siĂšcle par exemple a le sentiment, dĂšs le XVIIIe, d’aborder une planĂšte nouvelle. Justement, les voyages aĂ©riens de l’actualitĂ© nous ont habituĂ©s Ă  l’idĂ©e fausse de limites infranchissables que l’on franchit un beau jour la limite de la vitesse du son, la limite d’un magnĂ©tisme terrestre qui envelopperait la Terre Ă  8 000 km de distance. De telles limites, peuplĂ©es de monstres, coupĂšrent hier, Ă  la fin du XVe siĂšcle, l’espace Ă  conquĂ©rir de l’Atlantique
 Or, tout se passe comme si l’humanitĂ©, sans s’en rendre compte toujours, avait franchi du XVIIIe siĂšcle Ă  nos jours une de ces zones difficiles, une de ces barriĂšres qui d’ailleurs se dressent encore devant elle, dans telle ou telle partie du monde. Ceylan vient seulement de connaĂźtre, avec les merveilles de la mĂ©decine, la rĂ©volution biologique qui bouleverse le monde, en somme la prolongation miraculeuse de la vie. Mais la chute du taux de natalitĂ©, qui accompagne gĂ©nĂ©ralement cette rĂ©volution, n’a pas encore touchĂ© l’üle, oĂč ce taux reste trĂšs haut, naturel, Ă  son maximum
 Ce phĂ©nomĂšne se retrouve dans maints pays, telle l’AlgĂ©rie. Aujourd’hui seulement, la Chine connaĂźt sa vĂ©ritable entrĂ©e, massive, dans la vie industrielle. La France s’y enfonce Ă  corps perdu. Est-il besoin de dire que ce temps nouveau rompt avec les vieux cycles et les traditionnelles habitudes de l’homme? Si je m’élĂšve si fortement contre les idĂ©es de Spengler ou de Toynbee, c’est qu’elles ramĂšnent obstinĂ©ment l’humanitĂ© Ă  ses heures anciennes, pĂ©rimĂ©es, au dĂ©jĂ  vu. Pour accepter que les civilisations d’aujourd’hui rĂ©pĂštent le cycle de celle des Incas, ou de telle autre, il faut avoir admis, au prĂ©alable, que ni la technique, ni l’économie, ni la dĂ©mographie n’ont grand-chose Ă  voir avec les civilisations. En fait, l’homme change d’allure. La civilisation, les civilisations, toutes nos activitĂ©s, les matĂ©rielles, les spirituelles, les intellectuelles, en sont affectĂ©es. Qui peut prĂ©voir ce que seront demain le travail de l’homme et son Ă©trange compagnon, le loisir de l’homme? Ce que sera sa religion, prise entre la tradition, l’idĂ©ologie, la raison ? Qui peut prĂ©voir ce que deviendront, au-delĂ  des formules actuelles, les explications de la science objective de demain, ou le visage que prendront les sciences humaines, dans l’enfance encore, aujourd’hui ? Dans le large prĂ©sent encore en devenir, une Ă©norme diffusion » est donc Ă  l’oeuvre. Elle ne brouille pas seulement le jeu ancien et calme des civilisations les unes par rapport aux autres; elle brouille le jeu de chacune par rapport Ă  elle-mĂȘme. Cette diffusion, nous l’appelons encore, dans notre orgueil d’Occidentaux, le rayonnement de notre civilisation sur le reste du monde. A peine peut-on excepter de ce rayonnement, Ă  dire d’expert, les indigĂšnes du centre de la Nouvelle-GuinĂ©e, ou ceux de l’Est himalayen. Mais cette diffusion en chaĂźne, si l’Occident en a Ă©tĂ© l’animateur, lui Ă©chappe dĂ©sormais, de toute Ă©vidence. Ces rĂ©volutions existent maintenant en dehors de nous. Elles sont la vague qui grossit dĂ©mesurĂ©ment la civilisation de base du monde. Le temps prĂ©sent, c’est avant tout cette inflation de la civilisation et, semble-t-il, la revanche, dont le terme ne s’aperçoit pas, du singulier sur le pluriel. Semble-t-il. Car je l’ai dĂ©jĂ  dit cette nouvelle contrainte ou cette nouvelle libĂ©ration, en tout cas cette nouvelle source de conflits et cette nĂ©cessitĂ© d’adaptations, si elles frappent le monde tout entier, y provoquent des mouvements trĂšs divers. On imagine sans peine les bouleversements que la brusque irruption de la technique et de toutes les accĂ©lĂ©rations qu’elle entraĂźne peut faire naĂźtre dans le jeu interne de chaque civilisation, Ă  l’intĂ©rieur de ses propres limites, matĂ©rielles ou spirituelles. Mais ce jeu n’est pas clair, il varie avec chaque civilisation, et chacune, vis-Ă -vis de lui, sans le vouloir, du fait de rĂ©alitĂ©s trĂšs anciennes et rĂ©sistantes parce qu’elles sont sa structure mĂȘme, chacune se trouve placĂ©e dans une position particuliĂšre. C’est du conflit ou de l’accord entre attitudes anciennes et nĂ©cessitĂ©s nouvelles, que chaque peuple fait journellement son destin, son actualitĂ© ». Quelles civilisations apprivoiseront, domestiqueront, humaniseront la machine et aussi ces techniques sociales dont parlait Karl Mannheim dans le pronostic lucide et sage, un peu triste, qu’il risquait en 1943, ces techniques sociales que nĂ©cessite et provoque le gouvernement des masses mais qui, dangereusement, augmentent le pouvoir de l’homme sur l’homme? Ces techniques seront-elles au service de minoritĂ©s, de technocrates, ou au service de tous et donc de la libertĂ©? Une lutte fĂ©roce, aveugle, est engagĂ©e sous divers noms, selon divers fronts, entre les civilisations et la civilisation. Il s’agit de dompter, de canaliser celle-ci, de lui imposer un humanisme neuf. Dans cette lutte d’une ampleur nouvelle il ne s’agit plus de remplacer d’un coup de pouce une aristocratie par une bourgeoisie, ou une bourgeoisie ancienne par une presque neuve, ou bien des peuples insupportables par un Empire sage et morose, ou bien une religion qui se dĂ©fendra toujours par une idĂ©ologie universelle , dans cette lutte sans prĂ©cĂ©dent, bien des structures culturelles peuvent craquer, et toutes Ă  la fois. Le trouble a gagnĂ© les grandes profondeurs et toutes les civilisations, les trĂšs vieilles ou plutĂŽt les trĂšs glorieuses, avec pignon sur les grandes avenues de l’Histoire, les plus modestes Ă©galement. De ce point de vue, le spectacle actuel le plus excitant pour l’esprit est sans doute celui des cultures en transit » de l’immense Afrique noire, entre le nouvel ocĂ©an Atlantique, le vieil ocĂ©an Indien, le trĂšs vieux Sahara et, vers le Sud, les masses primitives de la forĂȘt Ă©quatoriale. Cette Afrique noire a sans doute, pour tout ramener une fois de plus Ă  la diffusion, ratĂ© ses rapports anciens avec l’Égypte et avec la MĂ©diterranĂ©e. Vers l’ocĂ©an Indien se dressent de hautes montagnes. Quant Ă  l’Atlantique, il a Ă©tĂ© longtemps vide et il a fallu, aprĂšs le XVe siĂšcle, que l’immense Afrique basculĂąt vers lui pour accueillir ses dons et ses mĂ©faits. Mais aujourd’hui, il y a quelque chose de changĂ© dans l’Afrique noire c’est, tout Ă  la fois, l’intrusion des machines, la mise en place d’enseignements, la poussĂ©e de vraies villes, une moisson d’efforts passĂ©s et prĂ©sents, une occidentalisation qui a fait largement brĂšche, bien qu’elle n’ait certes pas pĂ©nĂ©trĂ© jusqu’aux moelles les ethnographes amoureux de l’Afrique noire, comme Marcel Griaule, le savent bien. Mais l’Afrique noire est devenue consciente d’elle-mĂȘme, de sa conduite, de ses possibilitĂ©s. Dans quelles conditions ce passage s’opĂšre-t-il, au prix de quelles souffrances, avec quelles joies aussi, vous le sauriez en vous y rendant. Au fait, si j’avais Ă  chercher une meilleure comprĂ©hension de ces difficiles Ă©volutions culturelles, au lieu de prendre comme champ de bataille les derniers jours de Byzance, je partirais vers l’Afrique noire. Avec enthousiasme. E n vĂ©ritĂ©, aurions-nous aujourd’hui besoin d’un nouveau, d’un troisiĂšme mot, en dehors de culture et de civilisation dont, les uns ou les autres, nous ne voulons plus faire une Ă©chelle des valeurs? En ce milieu du XXe siĂšcle, nous avons insidieusement besoin, comme le XVIIIe siĂšcle Ă  sa mi-course, d’un mot nouveau pour conjurer pĂ©rils et catastrophes possibles, dire nos espoirs tenaces. Georges Friedmann, et il n’est pas le seul, nous propose celui d’humanisme moderne. L’homme, la civilisation, doivent surmonter la sommation de la machine, mĂȘme de la machinerie l’automation qui risque de condamner l’homme aux loisirs forcĂ©s. Un humanisme, c’est une façon d’espĂ©rer, de vouloir que les hommes soient fraternels les uns Ă  l’égard des autres et que les civilisations, chacune pour son compte, et toutes ensemble, se sauvent et nous sauvent. C’est accepter, c’est souhaiter que les portes du prĂ©sent s’ouvrent largement sur l’avenir, au-delĂ  des faillites, des dĂ©clins, des catastrophes que prĂ©disent d’étranges prophĂštes les prophĂštes relĂšvent tous de la littĂ©rature noire. Le prĂ©sent ne saurait ĂȘtre cette ligne d’arrĂȘt que tous les siĂšcles, lourds d’éternelles tragĂ©dies, voient devant eux comme un obstacle, mais que l’espĂ©rance des hommes ne cesse, depuis qu’il y a des hommes, de franchir. © Le Temps stratĂ©gique, No 82, GenĂšve, juillet-aoĂ»t 1998 ADDENDA Sur Braudel Son premier mĂ©rite, c’est qu’il a vraiment compris qu’au vingtiĂšme siĂšcle, il fallait faire une histoire au-delĂ  de l’hexagone, au-delĂ  des problĂšmes français, qu’il fallait absolument percevoir les problĂšmes europĂ©ens et, pour reprendre une expression qui n’existait pas encore quand il a Ă©crit La MĂ©diterranĂ©e, les problĂšmes du tiers monde, et mĂȘme avoir une vision planĂ©taire. Sa vision mondiale de l’Histoire Je crois que son grand mĂ©rite a Ă©tĂ© de comprendre qu’il y avait une Ă©volution irrĂ©pressible, que personne ne pouvait contenir, pour sortir de cette espĂšce d’europĂ©o-centrisme qui avait fonctionnĂ© Ă  plein au XIXe siĂšcle et Ă  l’époque coloniale, et encore pendant la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle, et qu’il fallait dĂ©sormais avoir vraiment une vision mondiale de l’histoire. Son histoire Ă  plusieurs temps Son second mĂ©rite 
 a Ă©tĂ© de mettre en relation les Ă©vĂ©nements historiques et les Ă©vĂ©nements Ă  plus longue durĂ©e, disons les Ă©vĂ©nements anthropologiques, et ainsi de concevoir qu’il y a plusieurs temps dans l’histoire. Il y a un temps court, celui des Ă©vĂ©nements; cela ne correspond d’ailleurs pas du tout Ă  sa pensĂ©e de dire qu’il a rejetĂ© l’évĂ©nement, mais il a toujours considĂ©rĂ© qu’il fallait ĂȘtre capable d’aller plus loin que les Ă©vĂ©nements, de comprendre ce qui les provoquait, mĂȘme quand il s’agissait d’évĂ©nements aussi dramatiques que la RĂ©volution française par exemple. Et puis il y a ce qu’il a appelĂ© la longue durĂ©e et cela a Ă©tĂ© une idĂ©e trĂšs importante 
 Sa mise en scĂšne du social D’une façon plus gĂ©nĂ©rale, il a introduit non seulement l’histoire sociale mais le rĂŽle des sociĂ©tĂ©s dans l’histoire Ă©conomique. On avait tendance Ă  compartimenter les choses, avec, disons, une histoire des Ă©vĂ©nements, des gouvernements et des chancelleries; une histoire plus sociale et une histoire Ă©conomique, celle-ci tendant Ă  ĂȘtre en quelque sorte autonome par rapport aux autres, mĂȘme si on essayait d’en tirer des enseignements pour les deux autres. Je crois que Braudel a beaucoup veillĂ© Ă  introduire les changements sociaux, les modifications des sociĂ©tĂ©s, dans l’histoire Ă©conomique. » Pierre Daix, in Regards », Paris, No 7, novembre 1995, Ă  propos du livre qu’il venait d’écrire Braudel Paris, Flammarion, 1995. Ibn Khaldoun, prĂ©curseur mĂ©diĂ©val de l’histoire des civilisations Ibn Khaldoun 1331-1406, historien maghrĂ©bin, a Ă©tĂ© l’un des premiers thĂ©oriciens de l’histoire des civilisations. Arnold Toynbee dit de lui qu’il a conçu et formulĂ© une philosophie de l’Histoire qui est sans doute le plus grand travail qui ait jamais Ă©tĂ© créé par aucun esprit dans aucun temps et dans aucun pays. » VĂ©rifier les faits investiguer les causes » Dans la Muqadimma, introduction en trois volumes de son Kitab al-Ibar Histoire des Arabes, des Persans et des BerbĂšres, Ibn Khaldoun Ă©crit J’ai suivi un plan original pour Ă©crire l’Histoire et choisi une voie qui surprendra le lecteur, une marche et un systĂšme tout Ă  fait Ă  moi 
 en traitant de ce qui est relatif aux civilisations et Ă  l’établissement des villes ». Il est conscient que sa dĂ©marche novatrice qui rompt avec l’interprĂ©tation religieuse de l’histoire Les discours dans lesquels nous allons traiter de cette matiĂšre formeront une science nouvelle 
 C’est une science sui generis car elle a d’abord un objet spĂ©cial la civilisation et la sociĂ©tĂ© humaine, puis elle traite de plusieurs questions qui servent Ă  expliquer successivement les faits qui se rattachent Ă  l’essence mĂȘme de la sociĂ©tĂ©. Tel est le caractĂšre de toutes les sciences, tant celles qui s’appuient sur l’autoritĂ© que celles qui sont fondĂ©es sur la raison. » Tout au long de son oeuvre, il souligne la discipline Ă  laquelle doivent s’astreindre ceux qui exercent le mĂ©tier d’historien l’examen et la vĂ©rification des faits, l’investigation attentive des causes qui les ont produits, la connaissance profonde de la maniĂšre dont les Ă©vĂ©nements se sont passĂ©s et dont ils ont pris naissance. » Les empires durent environ 120 ans » Ibn Khaldoun n’a le loisir d’étudier que le monde arabo-musulman l’Andalousie, le Maghreb, le Machreq. C’est donc dans ce cadre limitĂ© qu’il Ă©labore sa thĂ©orie cyclique des civilisations rurales ou bĂ©douines umran badawi et urbaines umran hadari. Pour lui, les civilisations sont portĂ©es par des tribus qui fondent dynasties et empires. » Les empires ainsi que les hommes ont leur vie propre 
 Ils grandissent, ils arrivent Ă  l’ñge de maturitĂ©, puis ils commencent Ă  dĂ©cliner 
 En gĂ©nĂ©ral, la durĂ©e de vie [des empires] 
 ne dĂ©passe pas trois gĂ©nĂ©rations 120 ans environ. » Ibn Khaldoun, conseiller auprĂšs de deux sultans maghrĂ©bins, grand juge cadi au Caire, put observer de l’intĂ©rieur l’émergence du pouvoir politique et sa confrontation Ă  la durĂ©e historique. Ibn Khaldoun est considĂ©rĂ© comme l’un des fondateurs de la sociologie politique. Sources Discours sur l’histoire universelle Al Muqadimma, par Ibn Khaldoun, traduit de l’arabe par Vincent Monteil Paris/Arles, Sindbad/Actes Sud, 3e Ă©dition, 1997 et Ibn Khaldoun naissance de l’histoire, passĂ© du tiers monde, par Yves Lacoste Paris, François Maspero, 1978, rééditĂ© chez La DĂ©couverte, 1998. De quelques noms citĂ©s Georges Friedmann 1902-1977, philosophe français, est surtout connu pour ses travaux de sociologue du travail. ConsidĂ©rĂ© comme un des plus importants rĂ©novateurs français des sciences sociales de l’aprĂšs-guerre, il eut recours aux outils d’analyse marxistes pour observer les grands bouleversements Ă  l’oeuvre dans la sociĂ©tĂ© industrielle. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont TraitĂ© de sociologie du travail coauteur avec Pierre Naville, Paris, A. Colin, 1961-1962, Humanisme du travail et humanitĂ©s Paris, A. Colin, 1950, OĂč va le travail humain? Paris, Gallimard, 1970. Le bon vieux temps du Dakar-Djibouti Marcel Griaule 1898-1956, ethnologue français, fut engagĂ© dans de nombreuses recherches de terrain couvrant notamment l’Abyssinie, le Soudan français et le Tchad. Il fut Ă©galement Ă  la tĂȘte de la mission ethnographique Dakar-Djibouti 1931-1933 et titulaire en 1942 de la premiĂšre chaire d’ethnologie Ă  la Sorbonne. Auteur de nombreux ouvrages sur la mĂ©thode ethnographique, il s’est particuliĂšrement intĂ©ressĂ© Ă  l’ethnie Dogon Mali. Charles Seignobos 1854-1942 historien français, auteur en particulier d’une Histoire politique de l’Europe contemporaine 1897. ConsidĂ©rant que tout ce qui n’est pas prouvĂ© doit rester provisoirement douteux », Seignobos fut partisan d’une histoire superficielle et Ă©vĂ©nementielle. Cette vision positiviste » rencontra de vives contestations auprĂšs d’une nouvelle gĂ©nĂ©ration d’historiens pour qui la nĂ©cessitĂ© d’approfondir les phĂ©nomĂšnes devait permettre une comprĂ©hension plus globale de l’histoire. Une culture naĂźt au moment oĂč une grande Ăąme se rĂ©veille » Oswald Spengler, 1880-1936, philosophe allemand, est l’auteur du cĂ©lĂšbre DĂ©clin de l’Occident 1916-1920, ouvrage qui eut un Ă©cho Ă  la mesure de l’effondrement de l’empire allemand. Spengler expose dans son ouvrage une philosophie pessimiste de l’histoire, en opposition Ă  l’idĂ©ologie de progrĂšs dominant Ă  l’époque. Selon lui, l’Occident serait entrĂ© dĂšs les dĂ©buts du XXe siĂšcle dans sa phase de dĂ©clin. Au-delĂ , Spengler propose une thĂ©orie gĂ©nĂ©rale et cyclique des huit principales civilisations et des innombrables cultures du monde. Pour lui, il n’existe pas de sens gĂ©nĂ©ral de l’histoire juste des successions de cycles similaires au cycle biologique. Pour lui, les unitĂ©s de base de l’histoire sont les cultures dont il dit qu’elles sont de vĂ©ritables organismes vivants Une culture naĂźt au moment oĂč une grande Ăąme se rĂ©veille, se dĂ©tache de l’état psychique primaire d’éternelle enfance humaine, forme issue de l’informe, limite et caducitĂ© sorties de l’infini et de la durĂ©e. Elle croĂźt sur le sol d’un paysage exactement dĂ©limitable, auquel elle reste liĂ©e comme la plante. Une culture meurt quand l’ñme a rĂ©alisĂ© la somme entiĂšre de ses possibilitĂ©s, sous la forme de peuples, de langues, de doctrines religieuses, d’arts, d’États, de sciences, et qu’elle retourne ainsi Ă  l’état psychique primaire. » Le nazisme tenta de rĂ©cupĂ©rer les conceptions philosophiques de Spengler, puis finit par les critiquer. De l’action civilisatrice des minoritĂ©s crĂ©atrices » Arnold Toynbee 1889-1975, historien britannique, est l’auteur d’une somme monumentale, Study of History Étude de l’histoire, publiĂ©e en douze volumes entre 1934 et 1961. DĂ©nombrant 26 civilisations, il dĂ©veloppe une conception cyclique de leur Ă©volution. Pour lui, les civilisations naissent de l’action de minoritĂ©s crĂ©atrices » et passent toutes par des Ă©tapes de croissance, de rupture breakdown puis de dĂ©sintĂ©gration. Son oeuvre tĂ©moigne d’une vision non-europĂ©ocentrique de l’histoire. Paul ValĂ©ry 1871-1945, Ă©crivain français proche du poĂšte MallarmĂ©, entrĂ© en 1925 Ă  l’AcadĂ©mie française, est l’auteur d’une phrase cĂ©lĂšbre sur le destin des civilisations Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles » VariĂ©tĂ© I, La crise de l’esprit, p. 1. Paris, Gallimard, 1978. Pour une histoire des civilisations Grammaire des civilisations, par Fernand Braudel. Paris, Arthaud, 1987. L’Histoire, un essai d’interprĂ©tation, par Arnold Toynbee version abrĂ©gĂ©e de A Study of History traduit de l’anglais par Elisabeth Julia. Paris, Gallimard, 1951. Le DĂ©clin de l’Occident, par Oswald Spengler traduit de l’allemand par M. Tazerout. Paris, 2 volumes, Gallimard, 1931-1933. Culture and History, prolegomena to the comparative study of civilizations, par Philip Bagby. Westport, Conn., Greenwood Press, 1976. Grandeur et dĂ©cadence des civilisations, par Shepard Bancroft Clough. Paris, Payot, 1954.
phénomÚnenouveau depuis deux ou trois siÚcles. Quand Valéry écrit « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », cest à leuropéenne quil pense. Il pense que la civilisation européenne occupe une situation privilégiée, qui ne va pas durer, et entretient un rapport inégal aux
Paul ValĂ©ry - "Oeuvres, tome 1", Ed PlĂ©iade, 1957, pp991-2, in "Essais quasi-politiques", La crise de l'espritTete coupee, moine et trois esprits Odilon Redon, 1878 - La faille humaine se montre nue La civilisation europĂ©enne d'avant 1914 Ă©tait dĂ©jĂ  atteinte par la crise de l'esprit une culture aussi dissonante et hĂ©tĂ©rogĂšne ne pouvait subsister La faille humaine se montre nue Pour l'acquĂ©rir, cliquez sur le livre Il s'agit du texte fameux de Paul ValĂ©ry qui commence par la phrase "Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles". Le texte a Ă©tĂ© Ă©crit en 1919, la civilisation dont il s'agit est celle de l'Europe. Nous, ce sont les modernes, et maintenant, c'est ce qui vient aprĂšs la guerre de 14. Que s'est-il passĂ©? Nos immenses navires chargĂ©s de richesse et d'esprit ont fait naufrage. PhĂ©nomĂšnes extraordinaires, rĂ©alisations brusques, dĂ©ceptions brutales. L'Ăąme europĂ©enne, formĂ©e de milliers de penseurs diffĂ©rents, agonise. Crise militaire, Ă©conomique et surtout intellectuelle. La connaissance est impuissante, la science est dĂ©shonorĂ©e, les croyances sont confondues et mĂȘme les sceptiques sont dĂ©sarçonnĂ©s. Les lampes les mieux suspendues sont renversĂ©es. Comment saisir cette crise? Quel est son vĂ©ritable point, sa phase? Qu'est-ce qui caractĂ©rise cette modernitĂ©? Le dĂ©sordre. La culture europĂ©enne est une mixture d'idĂ©es dissemblables et de principes opposĂ©s. Des millions de spectres y coexistent. L'idĂ©e de culture et d'intelligence est pour nous en relation avec l'idĂ©e d'Europe. Tout ou presque en est venu. Mais cette inĂ©galitĂ© par rapport au reste du monde devra se changer en son contraire, car l'Europe est peu peuplĂ©e, et les grands nombres finiront par prĂ©valoir. L'esprit europĂ©en est-il totalement diffusible? Avons-nous quelque libertĂ© contre cette conjuration menaçante? En 1933, ValĂ©ry fait remarquer que la crise de l'esprit se gĂ©nĂ©ralise. MĂȘme la science a renoncĂ© Ă  l'idĂ©al d'unification. Les croyances s'effondrent. La sensibilitĂ© s'Ă©tiole. Des moyens puissants de symbolisation et de graphie rapide tendent Ă  supprimer l'effort de raisonner. Les superstitions se rĂ©pandent. Avec des jouets comme l'automobile, la TSF et le cinĂ©ma, le monde est de plus en plus futile. Nous obĂ©issons au tĂ©lĂ©phone, aux horaires de travail et de transport, aux commandements de l'hygiĂšne et de l'orthographe. La mode entretient une police de l'imitation. Nous avons perdu le loisir de mĂ»rir des oeuvres comparables Ă  celles des siĂšcles passĂ©s. Nous ne croyons plus dans le jugement de la postĂ©ritĂ©. Au total, nous entrons dans l'avenir Ă  reculons. Il est devenu de plus en plus dangereux d'essayer de prĂ©voir l'avenir Ă  partir du passĂ© rĂ©cent le genre humain s'est engagĂ© dans une aventure extraordinaire, mais oĂč le conduit-elle?
En1919, aprÚs la PremiÚre Guerre mondiale, Paul Valéry écrit dans La Crise de l'Esprit : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d'empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siÚcles avec leurs dieux et
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